Une Intime conviction

Affiche Une Intime conviction
Réalisé par Antoine Raimbault
Titre original Une intime conviction
Pays de production France, Belgique
Année 2017
Durée
Musique Grégoire Auger
Genre Judiciaire, Thriller
Distributeur Frenetic
Acteurs Laurent Lucas, Olivier Gourmet, Marina Foïs, Jean Benguigui, François Fehner, François Caron
Age légal 12 ans
Age suggéré 14 ans
N° cinéfeuilles 807
Bande annonce (Allociné)

Critique

Le premier long métrage du jeune réalisateur français Antoine Raimbault s’inspire de faits réels : Une intime conviction se veut la chronique fidèle de l’affaire Jacques Viguier, qui a tenu en haleine la France en 2009 et en 2010.

Suzanne, la femme de Jacques Viguier (professeur de droit à Toulouse), disparaît d’un jour à l’autre du domicile conjugal et son mari, accusé de meurtre, comparaît devant la Cour d’assises d’Albi, en avril 2009. Il sera acquitté, mais le Procureur général de Toulouse fera recours contre cette décision : un deuxième procès aura lieu dans cette ville en mars 2010.

 Le cinéaste dit avoir assisté à ces deux procès et suivi l’affaire de bout en bout, précisant qu’il avait gagné par la suite la confiance de la famille Viguier. Il ajoute aussi avoir rencontré une jeune femme, Emilie (compagne de Jacques Viguier après la disparition de sa femme Suzanne), et s’en être inspiré pour créer le (seul) personnage fictif important du film, Nora, persuadée de l’innocence de Jacques, c’est elle qui va convaincre un ténor du barreau, Me Eric Dupond-Moretti (avocat aujourd’hui bien connu en France), de le défendre lors de son second procès en appel. Tous deux vont mener un combat acharné pour le disculper.

L’affaire Jacques Viguier est compliquée : en traitant ce sujet, Antoine Raimbault tente de porter sur les faits un regard objectif, tenant compte de tous les détails connus, des enquêtes menées, des plaidoiries des avocats et des dépositions des témoins. De plus, le cinéaste parle des nécessaires hypothèses émises et de la place donnée à l’imagination, il évoque les dérives possibles, le rôle de la mémoire aussi, sans oublier les interprétations subjectives ou les tentatives de subornation de témoins - de la part d’Olivier Durandet, un amant de Suzanne (interprété par Philippe Uchan). «Cette affaire est un exemple sur un point: le doute. C’est quelque chose qui m’obsède», précise le réalisateur.

Sur un deuxième plan Antoine Raimbault décrit aussi, avec minutie, les coulisses d’un procès, le fonctionnement de la justice et d’une cour d’assises, avec ses règles, sans oublier le rôle joué par la presse: «Les notes des journalistes qui ont couvert le procès, c’est la matière première du film. Nous n’avons pris aucune liberté avec ce qui s’est dit lors des audiences.» Les informations sont nombreuses et le cinéaste, à la recherche de la vérité, se veut exhaustif, parfois trop peut-être, au détriment du rythme du récit.

Les acteurs sont remarquables : Laurent Lucas joue le rôle de Jacques Viguier, un accusé impassible; Marina Foïs dynamise le film, s’investissant totalement dans son rôle, très actif, de seconder l’avocat de Jacques, Me Dupond-Moretti, lui-même interprété à la perfection par Olivier Gourmet: la plaidoirie finale de l’homme de loi est fascinante, la prestation de l’acteur est sans aucun doute l’un des moments les plus forts du film.

Priorité est donc donnée, par le réalisateur, à la description du monde juridique. Une intime conviction ne cherche pas à créer de suspense (le spectateur connaît l’issue du second procès en appel), mais à ménager comme une plongée dans l’univers de la justice. Voilà une œuvre rigoureuse, efficace et intéressante, qui s’appuie sur une écriture sans fioritures et qui donne priorité aux explications et aux dialogues.


Antoine Rochat

Appréciations

Nom Notes
Antoine Rochat 16
Nadia Roch 17
Philippe Thonney 16
Sabrina Schwob 15