Dépossédés

Souvenons-nous de Jean Ziegler qui, en une démonstration de quelques minutes à peine, résout le problème de la faim dans le monde. En enlevant une seule chose dans le fonctionnement du capitalisme contemporain: la spéculation sur les denrées alimentaires.

On est dans le cœur du sujet avec Les Dépossédés, un documentaire réussi, percutant, sur la condition effrayante du monde paysan, aujourd’hui et dans le monde entier.

Mathieu Roy a tourné son film de l’Inde au Québec, du Congo au Brésil, du Malawi à la Suisse, et propose un état des lieux alarmant sur la condition de la paysannerie. On en ressort ému, concerné et très en colère. Quel que soit le continent, les professionnels de l’agriculture connaissent la même précarité, le même désespoir, la même résignation. Les suicides sont nombreux: 300’000 en Inde, mais aussi à côté de chez nous. Le film ne se contente pas de pointer du doigt le capitalisme galopant et les multinationales, mais donne la parole, tantôt à des spécialistes, tantôt à des personnes dont c’est le dur quotidien. Il aborde la migration forcée des paysans, les catastrophes humaines produites par l’agriculture industrielle. Tout cela grâce aux témoignages d’un paysan suisse, d’un journaliste indien ou d’un membre de l’Organisation mondiale du commerce (OMC).Il est dommage que ce film soit quasiment condamné d’avance à une distribution confidentielle. Il mériterait d’être vu, relayé, cité en exemple. Pour pouvoir peut-être, à défaut de réussir à changer les choses, ouvrir les yeux de tous.