L'Amour flou

Romane Bohringer et Philippe Rebbot, acteurs de métier, ont partagé dix ans de vie commune. Mais le bonheur conjugal n’a apparemment qu’un temps et arrive le moment de l’éloignement, de la remise en question et de la rupture. Ou presque, puisqu’afin de préserver leur famille à défaut de leur couple, ils décident d’emménager dans des appartements contigus, connectés par la chambre de leurs deux enfants.

S’il ne s’agissait ici que du scénario d’un film intimiste sur la difficulté de se reconstruire une vie, d’affronter la vieillesse et ce que l’on est devenu, tout cela au travers du portrait tendre d’une famille décalée, on accepterait presque de se laisser emporter. Un humour absurde habite en effet certaines scènes, porté par une galerie de personnages parfois convaincants (grand moment que de voir Reda Kateb en propriétaire de chien un peu trop impliqué).

Mais L’Amour flou est l’acte thérapeutique imaginé par les deux réalisateurs pour effectivement surmonter leur séparation et les doutes qui en ont découlé. Mis en écriture et en scène quasi sur le vif - on suit notamment la construction du futur «sépartement», comme ils l’appellent -, en compagnie de leurs proches, le film devient dès lors source de malaise pour un spectateur qui n’a pas choisi de se retrouver pris dans cette histoire trop personnelle. Est-ce qu’un statut d’artiste légitime à faire création de n’importe quelle expérience? Sans aucun doute la question se pose; il est moins sûr que la réponse soit positive.