Critique
Que penser de cet OFNI (objet filmique non identifié)?... Tsai Ming-Liang, auteur notamment de GOODBYE, DRAGON INN et de ET LA-BAS, QUELLE HEURE EST-IL?, est très attentif au corps humain sous tous ses aspects, d'où une vision anatomique, pour ne pas dire entomologique, de ses personnages.
Le spectateur est mis d'emblée dans le bain par la première scène: une jeune femme nue, étendue sur un lit, une demi-pastèque entre ses jambes écartées; un homme nu qui lèche la pulpe du fruit puis y enfonce ses doigts, sous les gémissements de plaisir de sa partenaire.
On apprend par commentaires télévisés (le film est quasi muet) que Taiwan souffre d'une sécheresse telle que l'eau est avantageusement remplacée par le jus de la pastèque. Une jeune femme survit en pompant l'eau des réservoirs des toilettes publiques; un homme se rafraîchit en faisant trempette dans des citernes d'eau sur les toits des immeubles.
Film déroutant, faisant alterner les moments drolatiques avec des séquences pornographiques avérées, LA SAVEUR DE LA PASTEQUE laisse le goût d'une comédie non dépourvue de pépins. C'est une histoire d'eau à la chinoise pour spectateurs avertis.
Daniel Grivel