Liquid Truth

Affiche Liquid Truth
Réalisé par Carolina Jabor
Pays de production Brésil
Année 2017
Durée
Genre Drame
Distributeur trigon-film
Age légal 14 ans
Age suggéré 14 ans
N° cinéfeuilles 802

Critique

S’inspirant d’une pièce de théâtre Le Principe d’Archimède de l’auteur catalan Josep Maria Miró écrite en 2011 et du film Virus of Fear (Ventura Pons, 2015), le scénariste offre à la réalisatrice Carolina Jabor un récit trouble et sensible portant sur des accusations de pédophilie…

Rubens (magnifique Daniel de Oliveira) est un maître-nageur enthousiaste, à l’écoute des gens et proche de ses élèves. Ces derniers lui rendent par ailleurs son affection. Il est amoureux et aimé en retour par son amie Sofia et ses collègues l’apprécient, bien que certains le jalousent pour sa beauté et sa facilité de contact. Aussi, lorsque les parents d’Alex l’accusent d’abus sexuel sur leur garçon, il ne comprend pas la situation…

Commence alors pour lui une véritable descente aux enfers. Certes, sa nature joviale et son attitude tactile peuvent permettre aux esprits mal tournés de porter un regard méfiant et interrogateur sur ses actes, mais il est jugé de suite coupable, sans analyse, sans réflexion et surtout sans aucune preuve. En effet, personne autour de lui ne prend en compte le désarroi d’Alex face au divorce et à l’instabilité de ses parents: sa mère est de toute évidence névrosée et le père veut en faire un champion des bassins, ne supportant pas que son fils soit sur la deuxième marche du podium. Face au malaise du petit garçon, qui peu à peu s’isole de ses camarades, le coupable est tout trouvé par des parents incapables de se remettre en question ou de chercher les vraies raisons du mutisme d’Alex.

La cinéaste aborde cette difficile thématique en laissant au spectateur une liberté totale d’interprétation. La nature de Rubens pourrait permettre quelques doutes mais on a l’impression de vivre une véritable chasse aux sorcières injuste et infondée. La pression que subit le professeur de natation est telle qu’il ne peut se défendre et surtout il n’est pas écouté. La violence des messages sur les réseaux sociaux achève de le condamner. La haine est stimulée et distillée par cette voie de communication qui permet à tout un chacun de s’ériger en juge en une fraction de seconde, sans laisser le temps aux professionnels de mener une enquête basée sur des faits et non sur des présomptions.

 Il est vrai que les nombreuses histoires tragiques de viols d’enfants par des entraîneurs charismatiques font que, dans une telle situation, aucun détail ne doit être négligé et que les coupables doivent être punis. Mais s’il faut écouter les enfants, a-t-on le droit de prendre de telles accusations pour vérité absolue sans laisser l’opportunité à l’adulte de se défendre?

 Telle est en fait la question que pose de manière subtile et intelligente Carolina Jabor, tout en soulignant également le danger du lynchage virtuel.


Nadia Roch

Appréciations

Nom Notes
Nadia Roch 18
Antoine Rochat 12
Georges Blanc 17