Les Filles du soleil

Affiche Les Filles du soleil
Réalisé par Eva Husson
Titre original Les Filles du soleil
Pays de production France
Année 2018
Durée
Musique Morgan Kibby
Genre Drame
Distributeur Wild Bunch Distribution
Acteurs Golshifteh Farahani, Emmanuelle Bercot, Zübeyde Bulut, Maia Shamoevi, Evin Ahmad, Nia Mirianashvili
Age légal 12 ans
Age suggéré 14 ans
N° cinéfeuilles 801
Bande annonce (Allociné)

Critique

Mathilde (Emmanuelle Bercot), une reporter de guerre intrépide, se retrouve à la frontière entre le Kurdistan et la Turquie en 2014. Elle se lie d’amitié avec Bahar (Golshifteh Farahani), volontaire kurde engagée dans la guerre contre Daech, qui combat autant par conviction que pour une raison personnelle qui sera peu à peu dévoilée.

Le film aurait pu donc être un plaidoyer passionnant pour des femmes courageuses, dont on oublie souvent le rôle important dans des conditions de guerre. Un thème alléchant, soutenu par une reconstitution et des décors soignés, ainsi que par des scènes de combat très réalistes.

Malheureusement, Eva Husson tombe dans tous les pièges possibles et fait de son film un mélo racoleur et démagogique, à défaut d’une réflexion profonde ou d’un témoignage poignant. C’est vraiment dommage car, un point de vue féministe sur l’absurdité de la guerre, on avait envie d’aimer. Le féminisme est asséné, à travers des scènes donneuses de leçons, guère crédibles (ah, l’accouchement sur la frontière!), une émotion soulignée d’une musique envahissante, et un invraisemblable monologue final en voix off. En outre, elle fait dire à ses comédiennes des répliques peu convaincantes, extrêmement littéraires. Golshifteh Farahani semble parfois empruntée à prononcer ces phrases, et n’est jamais aussi puissante que dans ses regards et ses silences dans lesquels elle confirme son immense talent. Emmanuelle Bercot, par contre, prouve qu’elle est bien meilleure scénariste et réalisatrice (Polisse, La Fille de Brest) que comédienne et ne parvient pas à donner de la consistance à son personnage qui est pourtant censé représenter le narrateur. Pour sa défense, son rôle aurait mérité d’être bien plus complexe, plus travaillé: il n’est que prétexte à une surenchère de pathos.

On se demande aussi où se situe le point de vue de la cinéaste, ce qu’elle a vraiment voulu nous dire avec ce film de surface. Car à la fin, on a compris que la guerre c’est cruel, sale, absurde, que la guerre ça ne respecte rien, que la guerre c’est pas bien. Mais à part ça? Les authentiques combattantes qui ont inspiré le scénario valaient mieux que cet hommage confus, au fond et à l’émotion superficiels.

Philippe Thonney


D’emblée, le sujet retient l’attention, puisqu’il s’agit de rejoindre, en compagnie d’une journaliste de guerre (Emmanuelle Bercot) –  calquée sur la reporter américaine au cache-œil noir, Marie Colvin, tuée à Homs en 2012 – un bataillon de combattantes kurdes engagées dans la guerre contre Daech. Non seulement la particularité de cette escouade est qu’elle soit féminine, mais surtout elle réunit des femmes bien décidées à venger leur sort ou celui de leurs sœurs, voire même de leurs filles soumises au pire (explicité par quelques flash-back). Une avocate (Golshifteh Farahani), ayant effectué ses études en France, les commande et sait insuffler détermination et courage d’une toute autre manière que celle à laquelle les films états-uniens ont habitué. Bien sûr – à moins de souffrir de naïveté – un tel bataillon sert la communication de l’union démocratique kurde, mais ce point n’enlève rien à la spécificité d’un groupe qui développe d’autres codes que leurs pendants masculins.

Chants, danses sont au rendez-vous de ces combattantes déterminées à que la vie de leurs enfants puisse un jour se déployer. Le travail du journaliste est aussi questionné dans cette réalisation souffrant parfois d’une musique lourde et de visages maquillés peu crédibles. Décrire le quotidien de ces femmes est-il utile, nécessaire ? Cela change-t-il quelque chose ? La reporter de guerre en doute. Comment raconter objectivement l’expérience de terrain ?  Se fait-on manipuler ?  Où se situe la frontière séparant vérité et véracité ? Peut-être que demain la prochaine lecture, d’un récit analogue, dans un grand quotidien ou sur la toile sera différente, au vu d’un tel témoignage venu d’un front en constant déplacement.


Serge Molla

Appréciations

Nom Notes
Philippe Thonney 6
Serge Molla 13