Le Temps des forêts

Affiche Le Temps des forêts
Réalisé par François-Xavier Drouet
Titre original Le Temps des forêts
Pays de production France
Année 2018
Durée
Musique Frédéric D. Oberland
Genre Documentaire
Distributeur KMBO
Age légal 16 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 801
Bande annonce (Allociné)

Critique

Documentaire sélectionné à la Semaine de la critique à Locarno cette année, Le Temps des forêts, premier long métrage de François-Xavier Drouet, propose un regard sur l’industrialisation qui porte atteinte à la biodiversité des forêts.

S’il n’est plus une surprise pour personne que le secteur de l’agro-alimentaire subit les pressions de la mondialisation et de la consommation de masse, gouverné par le seul impératif de productibilité, cette réalité étonne quelque peu quand il s’agit de la forêt et la production du bois.

La séquence d’ouverture, composée de plans fixes sur l’extérieur d’une forêt, et de photographies en noir et blanc qui révèlent le paysage d’antan, exprime le regret, par une voix off, de la plantation homogène de sapins de Douglas dans la plaine des Millevaches. A partir de ce sentiment, le film cherche une explication à ce changement, en arpentant plusieurs forêts de France, et y interrogeant, avec beaucoup de respect, les différents acteurs qui l’animent, la font vivre mais la détruisent aussi. Les pratiques traditionnelles du bûcheron qui utilise une scieuse, permettant de couper une vingtaine d’arbres par jour, se voient déloyalement concurrencées par les abatteuses, dont la productivité est sept fois plus grande… Cette technique va entraver la diversité naturelle de la forêt, pourtant nécessaire à l’apparition de la vie, au profit de la rentabilité.

Mais Le Temps des forêts n’est pas seulement un documentaire sensibilisant à cette problématique. En confrontant visuellement l’irrégularité des forêts naturelles à l’alignement géométrique des nouvelles plantations de Douglas, comme aux formes géométriques des machines, le réalisateur rend palpable la dévastation progressive du paysage. De très beaux plans donnent aussi à voir les forêts, inscrites dans le paysage, avec des jeux de lumière qui viennent leur donner vie. Dès lors, un sentiment d'étrangeté saisit le spectateur, lorsque la caméra s’attarde à filmer les abatteuses, qui prennent une allure monstrueuse dans leur manière de déchiqueter violemment et mécaniquement la nature.

Œuvre fascinante, aussi bien politique que contemplative, Le Temps des forêts rend attentif à la célérité que notre modèle économique implique, incompatible avec un autre temps, dans lequel la croissance et la diversité supposent une certaine durée.


Sabrina Schwob

Appréciations

Nom Notes
Sabrina Schwob 16