Les Chatouilles

Affiche Les Chatouilles
Réalisé par Andréa Bescond, Eric Métayer
Titre original Les Chatouilles
Pays de production France
Année 2018
Durée
Musique Clément Ducol
Genre Drame
Distributeur Orange Studio Cinéma / UGC Distribution
Acteurs Clovis Cornillac, Karin Viard, Carole Franck, Pierre Deladonchamps, Andréa Bescond, Grégory Montel
Age légal 12 ans
Age suggéré 14 ans
N° cinéfeuilles 801
Bande annonce (Allociné)

Critique

Andréa Bescond est venue à la comédie sur le tard, après une formation très poussée suivie d’une belle carrière en tant que danseuse de haut niveau. Puis, comme une thérapie, elle a ressenti le besoin d’écrire sur ses cauchemars venant de sa petite enfance.

Durant des années, elle fut «chatouillée» (doux euphémisme) par un grand ami de la famille. Elle en fit un one-woman-show racontant l’histoire et allant jusqu’au moment où, devenue adulte, elle finit par porter plainte contre son bourreau. Spectacle mélangeant jeu et chorégraphies cathartiques, Les Chatouilles ou la danse de la colère a fait grand bruit dans le microcosme théâtral en 2016.

 Andréa Bescond reprend son rôle et coréalise sa version filmée avec le comédien Eric Métayer, qui avait été son metteur en scène au théâtre. La principale distance qu’elle prend avec son passé est qu’elle se donne à elle-même un autre prénom. Par son écriture et sa réalisation, le film réussit parfaitement quelque chose de difficile et de régulièrement peu convaincant, d’autant plus lorsqu’il s’agit d’un spectacle en solo: le passage de la totale liberté qu’offre la scène aux exigences du cinéma.

Les Chatouilles alterne le récit au premier degré, purement biographique, avec d’autres moments ludiques et oniriques inspirés (la danse au tribunal, l’environnement de maisons de poupées ou le fait que la psychologue, jouée par Carole Franck, assiste de visu aux souvenirs que lui raconte Andréa). La tension est par moments à son comble, grâce à la pudeur retenue des scènes entre la fillette et l’ordure jouée par Pierre Deladonchamps. Aucune image n’est évidemment visuellement explicite mais le malaise est infiniment profond.

Comme cela lui arrive parfois, Karin Viard semble chercher la performance d’actrice plutôt que la sincérité. Mais tous les autres comédiens sont parfaits, avec un bonus pour Clovis Cornillac, merveilleux dans le rôle d’un père confiant, naïf et qui n’a rien vu des agissements de son pote. Deladonchamps retranscrit parfaitement l’ignominie. Quant à Andréa Bescond, elle est parfois pathétique, parfois tendre, toujours solaire. Tous ces thèmes majeurs que sont l’injustice, l’incompréhension, la détresse, le regard des autres, le courage ou la résilience imprègnent ce film dérangeant, touchant et utile.


Philippe Thonney

Appréciations

Nom Notes
Philippe Thonney 16
Georges Blanc 17
Nadia Roch 18