Où es-tu, João Gilberto?

Ce documentaire, adapté du livre Hobalala de l’écrivain et journaliste allemand Marc Fischer, raconte une quête.

Celle de Fischer d'abord, qui partit à la recherche d’un musicien génial, João Gilberto, créateur de la bossa-nova, retiré depuis fort longtemps, même si quelques très rares privilégiés semblent encore l’atteindre au téléphone.

Mais cette quête devient progressivement celle du réalisateur Georges Gachot, qui finit presque par s'identifier à l'auteur, lequel s’est suicidé peu avant la parution de son livre. Il faut dire que Gachot a en mains non seulement l’ouvrage de Fischer, mais un millier de photographies que ce dernier prit au Brésil alors qu’il tentait de remonter la piste vers son idole. En outre, le documentariste bénéficie lui aussi de l’aide de Rachel Balassiano (Watson dans l’essai où Marc se décrit comme Sherlock), collectant des indices au cœur de Rio de Janeiro et de Diamantica. A défaut de retrouver l’auteur de Chega de Saudade, on rencontre quelques proches et musiciens, parmi lesquels João Donato, Roberto Menescal, Marcos Valle qui, au son de quelques notes jouées, chantées ou fredonnées, ressuscitent la magie de la musique de Gilberto.

 Hier, à 20 ans, Rimbaud renonce à l’écriture; aujourd’hui Gilberto déjoue tous les pièges qui lui sont tendus: il ne se montre plus du tout publiquement et ne donne plus de concert. Pour néanmoins l’entendre, seuls recours: ses disques, des documents d’archives ou quelque imitateur. En créant la bossa-nova João Gilberto a donné musicalement corps au mot nostalgie. Ceci accompli, il ne pouvait que disparaître pour que perdure ce sentiment au cœur de ses amis comme de tous ceux qui l’écoutent et l’écouteront. Aussi privilégiera-t-on aussi la musique à la vision de ce documentaire quelque peu nombriliste.