Leave No Trace

Affiche Leave No Trace
Réalisé par Debra Granik
Titre original Leave No Trace
Pays de production U.S.A.
Année 2018
Durée
Musique Dickon Hinchliffe
Genre Drame
Distributeur Praesens
Acteurs Ben Foster, Dale Dickey, Thomasin McKenzie, Jeff Kober, Isaiah Stone, Ayanna Berkshire
Age légal 10 ans
Age suggéré 12 ans
N° cinéfeuilles 800
Bande annonce (Allociné)

Critique

Sept ans après l’excellent Winter’s Bone la réalisatrice américaine Debra Granik est de retour à la fiction avec Leave No Trace, un film qui trouve son origine dans une histoire vraie qui s’est déroulée à Portland, en Oregon.

Un père et sa fille avaient été découverts par la police alors qu’ils vivaient tous deux, en bonne santé et depuis quatre ans, dans le parc (une réserve naturelle) qui borde la banlieue de la ville. En toute illégalité le père avait installé là un abri, de quoi vivre et faire la cuisine. Père et fille ne s’aventuraient en ville que pour récupérer la pension d’invalidité du père et acheter dans les magasins ce qu’ils ne pouvaient vraiment pas faire pousser dans leur petit jardin aménagé dans la forêt. Leave No Trace part de ce fait divers, mais s’appuie en réalité sur un roman de Peter Rock, L’Abandon (2012). Son auteur, fasciné par cette double et étrange vie solitaire, avait imaginé moult détails imprévus et impossibles à vérifier.

A 15 ans Tom (Thomasin McKenzie, remarquable) habite donc clandestinement dans la forêt avec son père Will (Ben Foster), formant avec lui un duo familial pour le moins atypique (la mère est sans doute décédée). Expulsés de leur refuge par les autorités, ils se voient heureusement offrir un toit, une scolarité et un travail. Tandis que le père a de la peine à s’adapter à ce nouveau mode de vie, Tom va découvrir avec curiosité sa nouvelle existence. Elle va devoir s’intégrer dans un nouveau fonctionnement vital, et surtout faire un choix entre l’amour filial et le monde «civilisé» qui l’appelle.

Dans Winter’s Bone, déjà, on suivait la longue quête initiatique d’une jeune fille au sein d’une forêt isolée. Avec son nouveau film, Debra Granik joue la carte du tragique, du naturalisme parfois un peu noir, sans trop indiquer aux spectateurs les pistes à suivre. Les échanges verbaux entre Tom et son père taciturne sont rares, la cinéaste évitant tout affrontement, toute discussion sur une éventuelle opposition (nature/civilisation, tradition/modernisme, etc). Deux ou trois autres personnages sympathiques traversent quelques séquences – Isaiah, un adolescent qui élève des lapins; Dale, une propriétaire de
mobile homes; une assistante sociale. En dépit des silences du père (un peu misanthrope) et malgré quelques images de rigidité de la part d’une certaine société américaine, il n’y a pas d’affrontement, pas de violence dans le récit. Le thème central de Leave No Trace reste la découverte de l’autre, et celle d’un autre univers étranger.

Dans ce conte humaniste, à la structure narrative très classique, on regrettera peut-être que la cinéaste ne nous ait pas fait part de son point de vue, et qu’elle n’ait pas donné un peu plus de place à la psychologie des personnages, ce qui aurait permis de dépasser un certain mystère ambiant. Reste un magnifique portrait, celui d’une (très) jeune fille qui va devoir s’adapter aux différents environnements qu’elle traverse, faisant finalement la part des choses, sans se rebeller, et en laissant entrevoir, en contenant son émotion, une forme de maturité et de sagesse

Antoine Rochat

Appréciations

Nom Notes
Antoine Rochat 16
Georges Blanc 14
Blaise Petitpierre 13