McQueen

Affiche McQueen
Réalisé par Ian Bonhôte, Peter Etttedgui
Pays de production Royaume-Uni
Année 2018
Durée
Musique Michael Nyman
Genre Documentaire
Distributeur Elite
Age légal 8 ans
Age suggéré 14 ans
N° cinéfeuilles 796

Critique

Né le 17 mars 1969 à Lewisham à Londres dans une famille modeste (père chauffeur de taxi et mère enseignante), Lee Alexander McQueen, fut un extraordinaire créateur de mode britannique.

Surnommé l’«Enfant terrible» en raison du côté souvent provocateur de certaines de ses collections, et à l’instar d’autres créateurs tels que Stella McCartney ou Raf Simons, il fut l’un des plus grands espoirs de la mode jusqu’à son suicide en 2010. Durant sa trop courte carrière, il ne cessa de faire fi de tous les codes de la profession. Morbide, excessif, il mit la mode au pilori, concassa et jeta tout, pour mieux recommencer.

 Il entreprit d'abord un apprentissage de coupeur et tailleur chez Anderson & Shepard, puis travailla chez divers tailleurs londoniens avant de rejoindre Romeo Gigli à Milan. Ensuite, ce fut la prestigieuse école Saint Martins de Londres, puis Isabella Blow (dont il devint proche) le remarqua et publia sa première collection dans les pages du magazine Vogue britannique. Il était lancé.

 McQueen rejoignit Givenchy dès 1996, succédant à John Galliano parti chez Dior, jusqu’en 2001. Dès 2002, il dessina également des collections masculines, travailla pour de nombreux artistes (David Bowie, Lady Gaga, Björk, Céline Dion, Kate Winslet…), et multiplia les collaborations autour de ses créations. Ses défilés furent ainsi de véritables expériences artistiques pour lesquelles il s’entoura du joaillier Shaun Leane, du modiste Philip Treacy et même de robots qu’il intégra à ses performances. C’est peu dire que ses collections faisaient écho au monde, à l’actualité et à ses troubles, au point que les images qui en restent suscitent aujourd’hui encore fascination et surprise.

 L’intérêt de ce beau et riche documentaire est qu’il retrace tout à la fois le parcours de ce créateur, dans ses moments les plus sombres comme dans ses heures de gloire. L’homme tourmenté - «J’ai exploré mon côté sombre, puisé dans les horreurs de mon crâne et l’ai fait défiler.» - était un véritable artiste qui tenait à raconter des histoires, au travers des drapés, des mises en scènes, allant jusqu’à déclarer: «Les gens ne veulent pas voir de vêtements, ils veulent voir quelque chose qui alimente l’imagination.»

On regrettera peut-être de ne pas voir davantage l’homme dessiner, couper, travailler, mais nul doute que cet excellent documentaire, construit autour de très nombreuses séquences d’archives inédites et de solides interviews, invite à ne pas s’en tenir aux clichés sur un soi-disant bad boy homosexuel. Chaque chapitre rapproche de ce créateur hors norme que sa passion et son travail maintenaient en vie, alors qu’une blessure de l’enfance (un viol) allait l’emporter au lendemain du décès de sa propre mère.


Serge Molla

Appréciations

Nom Notes
Serge Molla 15