Abracadabra

Affiche Abracadabra
Réalisé par Pablo Berger
Titre original Abracadabra
Pays de production Espagne, France
Année 2017
Durée
Musique Alfonso de Vilallonga
Genre Comédie dramatique, Fantastique, Thriller
Distributeur Frenetic
Acteurs Maribel Verdú, Quim Gutiérrez, Antonio de la Torre, José Mota, Josep María Pou, Priscilla Delgado
Age légal 14 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 790
Bande annonce (Allociné)

Critique

Pablo Berger jouit d’une imagination débordante et d’un savoir-faire original. Il lui manque en revanche un poil de finesse et de retenue, le strict minimum pour donner à son œuvre la légèreté qui lui manque et l’ambiguïté qui tiendrait les spectateurs en haleine.

Carmen (Maribel Verdú) a épousé, il y a longtemps, un homme (Antonio de la Torre) qui s’est avéré être un parfait machiste. Submergé par la passion du foot, l’esprit bétonné par les chantiers de construction dans lesquels il travaille, ce mari confond sa famille avec la télévision, la table des repas et la chambre à coucher. Lors d’un spectacle de prestidigitation, il est secoué par la séance d’hypnose pour laquelle il s’est porté volontaire. Dès lors, il devient si différent que l’inquiétude gagne Carmen.

Le scénario se fonde sur un dédoublement de personnalité pour traiter à sa manière le sujet de la femme déconsidérée, plus femme de ménage et servante que femme au foyer. Les désirs enfouis de Carmen sont éveillés par le cauchemar dans lequel elle s’enfonce peu à peu, tandis que son mari voit ses habitudes renversées par les étranges incidents qui le bousculent. L’amour, les rêves de bonheur reprennent leur place en se glissant dans des épisodes invraisemblables, ceux dont seule est capable une psychologie malmenée.

Abracadabra se complaît à la fois dans les registres du cliché et de l’irréalité; il pourrait y faire merveille. On ne rit pourtant pas beaucoup car, plutôt que saugrenu, le film touche au grotesque avec des scènes à la limite de l’acceptable; comme celle où le professeur de magie (Josep María Pou) se fait passer pour un chirurgien en soins intensifs.

Il est aussi difficile de s’amuser longtemps face au parti pris de kitsch qui emballe décors et costumes. Si l’on y perçoit en souriant l’influence de Pedro Almodóvar, la virtuosité de ce dernier reste toutefois inégalée. Dans Abracadabra, loin de se laisser baigner dans un style baroque étudié, Pablo Berger semble exacerber le mauvais goût de ses protagonistes afin d’en faire le lieu d’un humour qui s’épuise vite.

Reste le personnage central, la femme, l’amante, l’épouse, la mère. Nonobstant les très gros points avec lesquels il coud son histoire, il faut reconnaître au cinéaste espagnol une façon inédite de jouer les féministes. Sans la plonger dans les larmes ou la politique, il entraîne Carmen à prendre sa vie en main de façon très personnelle; on lui saura gré de son non-conformisme.


Geneviève Praplan

Appréciations

Nom Notes
Geneviève Praplan 9