Et au pire, on se mariera

Adapté du roman éponyme de Sophie Bienvenu, Léa Pool aborde l’adolescence et ses émois, ainsi que les relations familiales complexes et conflictuelles. Aïcha (Sophie Nélisse), 14 ans, nous emmène dans une spirale émotive, faite de sentiments violents: rébellion envers sa mère célibataire, crise de l’adolescence et questionnements face à un premier amour. Ce coup de foudre pour Baz (Jean-Simon Leduc), un homme plus âgé, va devenir obsessionnel et irrationnel, menant les protagonistes sur un chemin dangereux…

La force de ce film est très certainement sa narration: celle-ci prend la forme d’un monologue servant le point de vue d’Aïcha, alors que cette dernière est interrogée par une assistante sociale sans que le spectateur en connaisse la raison. A travers le récit d’Aïcha, on apprend peu à peu les drames qui ont jalonné son enfance et la raison de son conflit avec sa mère. On se glisse dans la peau de la jeune fille jusqu’à ressentir sa douleur et sa recherche d’identité. On n’entend ni ne voit la personne qui l’interroge, la caméra fixant Aïcha. Ce parti pris offre un ton plus théâtral que cinématographique mais nous interpelle malgré quelques longueurs.

Sophie Nélisse porte ce rôle difficile avec beaucoup de talent, offrant avec générosité les tourments d’Aïcha, oscillant entre naïveté, force de caractère et vulnérabilité.

Après La Passion d’Augustine (2015) qui lui valut le Prix du Meilleur film québécois, Léa Pool et Sophie Bienvenu ont écrit ensemble le scénario de Et au pire, on se mariera, offrant un point de vue féminin éloquent sur le courage dont font preuve les protagonistes pour affronter leurs émotions.