Machines

Affiche Machines
Réalisé par Rahul Jain
Titre original Machines
Pays de production Inde, Allemagne, Finlande
Année 2016
Durée
Genre Documentaire
Distributeur Filmcoopi
Age légal 8 ans
Age suggéré 14 ans
N° cinéfeuilles 786
Bande annonce (Allociné)

Critique

Un monstre aux entrailles labyrinthiques et interminables; c’est ainsi que s’impose à nous l’usine de textiles du Gujarat filmée par Rahul Jain (lui-même originaire de la région). Dans une séquence introductive où ne règne que le bruit des machines, où errent les corps, le réalisateur nous entraîne dans une balade étouffante mais splendide. Une beauté fascinante se dégage de ces amoncellements de tissus colorés ou blanc immaculé dans les pièces sombres du bâtiment. Une beauté derrière laquelle se dissimulent les conditions de travail inimaginables des ouvriers.

Pourtant, les rares entretiens présentent des hommes qui considèrent avoir choisi leur sort. Ils font partie des heureux, malgré les centaines de kilomètres parcourus pour pouvoir gagner de quoi vivre. Les autres, les paysans amassés aux portes qui ont perdu leurs récoltes et voudraient avoir aussi leur chance, sont finalement plus à plaindre. Ils restent sans rien. En captant le rythme perpétuel de l’usine - les «journées» de travail oscillent entre 12 et 36 heures - c’est au fond le cycle infernal de la pauvreté que Rahul Jain redessine.

Et il ne peut faire que cela: contempler les choses, capter les brefs moments de répit, les jambes nues que l’on lave près des bidons de produits chimiques, les enfants qui s’endorment en maniant les machines, les gestes fluides, presque mécaniques, des adultes. Le paradoxe de cette caméra qui ne peut agir qu’en regardant lui est d’ailleurs rejeté au visage par l’un des paysans ruinés. «Si tu veux nous aider, dis-nous quoi faire!» Ce besoin de s’en remettre à quelqu’un ressort aussi des rares paroles de révolte qu’on entend durant le film. L’absence de syndicat, d’union entre les ouvriers empêche tout changement. Surtout dans un monde aux rapports déconnectés, où le patron n’a jamais vu la plupart de ses employés.

Alors la ronde des machines continue. Et le réalisateur ne peut que fixer pour le reste du monde ces visages qui nous contemplent.


Adèle Morerod

Appréciations

Nom Notes
Adèle Morerod 14
Antoine Rochat 18