White Terror

Affiche White Terror
Réalisé par Daniel Schweizer
Pays de production
Genre
Acteurs Jennifer Peedom
Age légal 14 ans
Age suggéré 14 ans
N° cinéfeuilles 511

Critique

"Daniel Schweizer, né en 1959 à Genève, a travaillé comme assistant réalisateur pour la TSR et pour le cinéma de fiction. Documentariste engagé, il s'est notamment intéressé depuis 1998 aux skinheads (SKIN OR DIE, SKINHEAD ATTITUDE). Voici le dernier volet de sa trilogie sur ""une part d'ombre de notre société"".

Le film commence par une tentative de reportage sur l'assassinat d'un jeune Bernois par quelques copains ayant formé un groupuscule de ""chevaliers aryens"" aux idées d'extrême droite et racistes. Parce qu'il n'avait pas respecté la loi du silence, il a été battu à mort dans les ruines d'un château, puis sa dépouille a été balancée dans le lac de Thoune. Tentative de reportage, car les villageois sont laconiques, et la police fédérale semble ne pas vouloir regarder en face la présence du White Power, alors que des groupes rock véhiculant des clichés xénophobes attirent dans notre pays des centaines de jeunes.

Grâce à internet, cette propagande connaît une large diffusion, et on se trouve confronté à une Internationale d'un nouveau genre. Les Etats-Unis en sont le paradis, sous le couvert du premier amendement garantissant la liberté de parole. Néonazis, racistes et antisémites se retrouvent en réseau; il y a même des ""pasteurs"" pour diriger des Eglises aryennes... En Suède, des groupes antiracistes essaient de mettre le holà par des contre-manifestations se soldant souvent par des affrontements physiques; en Allemagne, le marché des disques et des vidéos est florissant; en Russie, les extrémistes ont pignon sur rue; on assiste à la bénédiction d'un drapeau à croix gammée dans une église orthodoxe; des groupes organisés de manière très cloisonnée ont des liens avec des parlementaires et saluent à la hitlérienne un vieux cacique du Front national.

Tout cela donne le frisson, surtout lorsqu'on constate l'impunité dont jouissent les nazillons sur la prairie du Grutli. Pour citer Daniel Schweizer, ""faire des films, c'est affronter le monde, se coltiner à son état, en chercher les mauvaises fréquentations, le gênant et l'insupportable. Toute la dignité d'un cinéaste est peut-être d'oser regarder en face une vérité indigne de lui. D'être présent là où on n'ose plus l'être."""

Daniel Grivel