Réalisé par | Fellipe Barbosa |
Titre original | Gabriel and the Mountain |
Pays de production | Brésil, France |
Année | 2017 |
Durée | |
Musique | Arthur Bartlett Gillette |
Genre | Aventure, Drame |
Distributeur | trigonfilm |
Acteurs | João Pedro Zappa, Caroline Abras, Alex Alembe, Lenny Siampala, John Goodluck |
Age légal | 14 ans |
Age suggéré | 14 ans |
N° cinéfeuilles | 774 |
Cet homme, que deux paysans africains découvrent mort au pied d’un rocher, c’est Gabriel (João Pedro Zappa), un Brésilien en voyage depuis près d’une année à travers l’Europe, l’Asie et l’Afrique. Que lui est-il arrivé? Fellipe Barbosa retrace une aventure heureuse qui s’est conclue par un malheur. «Il était mon ami. Il a disparu en 2009. Son histoire est connue au Brésil, son optimisme, son sourire sur toutes les photos retrouvées de lui ont touché les gens.»
Gabriel avait pris une année sabbatique avant d’entrer dans une université californienne où il devait poursuivre ses études d’économie. Il espérait approfondir ses recherches dans le continent noir où il a voyagé «comme j’ai toujours rêvé, pas de manière touristique». C’est à la fois ce style de voyage et un portrait de son ami que réussit le réalisateur brésilien, mettant discrètement ses pas dans ceux de Gabriel, s’arrêtant avec ceux qui l’ont connu.
Lorsqu’il commence, sur le ton du documentaire, le film semble prendre un tour ennuyeux. Mais il évolue vite. Il révèle alors les richesses du continent noir autant que celle d’un personnage maladroit, spontané, irritant, chaleureux et, tout compte fait, de plus en plus attachant.
Kenya, Tanzanie, Zambie, Malawi… Les images doivent beaucoup à la foule colorée et à des paysages éblouissants. Ce sont des images justes et vraies, des images que n’ont pas dénaturées les brochures touristiques. Suivant le même chemin que son ami, le réalisateur évite comme lui tout exotisme. Il reconstitue l’histoire, c’est le côté fiction, et la valide par les témoignages des Africains avec qui Gabriel s’est lié d’amitié, c’est le côté documentaire.
Toutefois, dans ce contexte de voyage idéal apparaissent aussi les failles de ce désir occidental un peu fou: s’immerger dans les populations locales. L’arrogance de cette prétention est au moins aussi grande que son illusion. Marcher dans des sandales Massaï ne fait pas le guerrier et ce n’est pas parce qu’on se fait héberger par les indigènes qu’on a compris leur façon de vivre.
L’attitude de Gabriel envers ses guides est typique de cette candeur… Malgré son expérience, il ne comprend ni le pays, ni les hommes. Ce sera son drame. Et c’est aussi le principal enseignement de ce film. A l’heure où tout le monde déplace sa bulle partout et n’importe quand, comment retrouver l’humilité du vrai voyage, le respect des populations et celui de la nature?
Geneviève Praplan