Vent de liberté (Un)

Affiche Vent de liberté (Un)
Réalisé par Behnam Behzadi
Pays de production Iran
Année 2016
Durée
Musique Sahar Sakhaei
Genre Drame
Distributeur cineworx
Acteurs Ali Mosaffa, Sahar Dolatshahi, Ali Reza Aghakhani, Setareh Pesyani, Roya Javidnia
Age légal 10 ans
Age suggéré 12 ans
N° cinéfeuilles 773
Bande annonce (Allociné)

Critique

Un autre film porte presque le même titre: Hedi, un vent de liberté (2016). Réalisé par le Tunisien Mohamed Ben Attia, il évoque le besoin d’émancipation sociale d’un jeune homme. Le film de l’Iranien Behzadi parle lui aussi d’indépendance, mais dans le contexte resserré de la famille.

Son frère et sa sœur sont mariés. Niloofar (Sahar Dolatshahi), elle, vit avec leur mère atteinte d’une bronchite chronique. Comme Téhéran est un enfer de pollution, les deux aînés décident d’emmener la malade dans le nord où l’air est plus sain. Qui s’en occupera? Niloofar, naturellement, puisqu’elle est célibataire; et tant pis pour l’atelier de couture qu’elle dirige. La jeune femme est partagée entre son affection et sa responsabilité filiale d’une part, sa vie privée et son travail d’autre part.

La tyrannie n’est pas toujours là où on la croit. En Iran, pays soumis à un régime autoritaire, la population pourrait adoucir son existence à l’abri du cercle formé par les proches. Ce n’est pas le cas. Les règles familiales sont strictes, à l’intérieur desquelles l’état de célibataire attache l’enfant à ses parents, à plus forte raison s’il s’agit d’une fille. Ensuite s’imposent les apparences à sauvegarder, ce que vont dire les voisins peut sévèrement déterminer une existence.
C’est le thème principal du film de Behnam Behzadi qui déroule son histoire avec autant de retenue que de délicatesse. Le jeu très sobre des acteurs trahit juste ce qu’il faut des débats intérieurs; ceux du frère et de la sœur arbitrés par leur égoïsme; ceux de la mère déchirée entre ses enfants; mais surtout ceux de Niloofar indignée par la façon dont on la traite.

Car Un vent de liberté est le portrait de Niloofar, un portrait de femme réussi, au-delà de tout didactisme, de toute revendication féministe. Niloofar est une vraie femme, avec son goût de vivre et ses amours. Elle existe à part entière, défendant son désir d’être consultée pour ce qui la concerne sans remettre en question son souci de voir s’améliorer l’état de sa mère.

Mais Behzadi parle aussi de Téhéran et de sa pollution qui soumet les habitants à une atmosphère parfois irrespirable. En particulier lorsqu’il y a «inversion», autrement dit qu’une couche d’air froid au-dessus de la ville empêche la couche d’air chaud du sol de s’évaporer. On s’alarme sur le moment, puis on s’habitue.
Le réalisateur fait de ce phénomène une métaphore de la situation vécue par Niloofar. «Dans mon histoire, Niloofar est une des habitantes de cette ville, quelqu’un qui n’a jamais eu le droit ou l’opportunité de choisir et qui s’y est habitué. Maintenant elle a besoin d’une ‘inversion’ pour rappeler aux autres et à elle-même le respect de ses propres choix.»

C’est une jolie façon de relier les difficultés de la vie iranienne à la grave question planétaire du réchauffement climatique.

 

Geneviève Praplan