Réalisé par | Denis Villeneuve |
Titre original | Arrival |
Pays de production | U.S.A. |
Année | 2016 |
Durée | |
Musique | Jóhann Jóhannsson |
Genre | Science fiction |
Distributeur | waltdisney |
Acteurs | Forest Whitaker, Michael Stuhlbarg, Amy Adams, Jeremy Renner, Mark O'Brien |
Age légal | 10 ans |
Age suggéré | 14 ans |
N° cinéfeuilles | 759 |
Reprenant la thématique de la rencontre avec des extra-terrestres, ce film soulève bien des questions fortes sur la communication, l’altérité et la dimension temporelle.
Douze mystérieux vaisseaux, en forme de demi-ballons de rugby tenus verticalement – comment ne pas songer au monolithe de 2001, l’Odyssée de l’espace ? (Stanley Kubrick, 1968)–, apparaissent subitement en douze points du globe. Pourquoi se sont-ils posés dans ces lieux-là, sans intérêt particulier? Que veulent leurs occupants? Qui sont-ils : amis ou ennemis ? Bien vite, la tension monte dans tous les états concernés. On (se) mobilise, s’interroge, craint le pire, alors qu’éclatent des mouvements de panique au sein des populations concernées. Coté Etats-Unis, le colonel Weber (Forest Whitaker) appelle à la rescousse un physicien théoricien (Jeremy Renner) et une linguiste (Amy Adams) pour entrer en contact avec ces visiteurs et tenter de clarifier le sens de leur venue. Mais comment déchiffrer un message qui ne reprend aucun code connu (alphabet, idéogrammes…), mais qu’il se présente sous forme vaporeuse de traits inscrits dans un cercle, le tout ressemblant à un test de Rorschach ? Et comment être sûr qu’en déchiffrant un message, on ne confond pas par exemple le mot « outil » avec celui désignant une arme ? Car la langue n’est-elle pas la première arme dont dispose une civilisation? Et la linguiste de défendre l’hypothèse de Sapir-Whorf selon laquelle la façon de percevoir le monde dépend du langage.
Les humains fontainsi face àl’altérité absolue, qui comporte des dangers lourds de conséquence. En effet, si toute tentatived’analyse reste vaine et les messages indéchiffrables, celagénèrera méfiance, puis peur, menantau désir d’élimination de l’autre. Si au contraire l’altérité n’est que passagère, le fait même de saisir pourrait déboucher sur unenchaînement tout aussi effrayant :comprendre conduirait à prendre, et prendre à détruire. C’est dire l’importance de ce qui risque de se produire si l’on ne réussit pas à découvrir l’autre : l’histoire humaine ne manque pas d’exemples pour le rappeler, il suffit de songer à la conquête de l’Amérique.
Au-delà des péripéties du scénario, signé Eric Heissener, sont donc posés leurs enjeux de la communication toujours risquée, tant pour le locuteur que pour le destinataire. Et si l’un est soucieux d’un échange social, le sera-t-il à propos d’un échange avec le monde et la nature ?
Aux questions de rencontre et de communication s’ajoute la thématique du temps (et de sa perception) sondée de façon originale. Sa linéarité est-elle si évidente ? Qu’est-ce qui différencie un flashback (retour en arrière) d’un flashforward (bond en avant) ? Une fois encore les repères s’effacent.
Premier contact n’offre heureusement pas une ixième version d’une invasion extra-terrestre où finalement quelque héros (individu ou état) parviendra in extremis à sauver le monde de méchants envahisseurs. Cette réalisation elliptique évite ce piège et scrute la civilisation humaine : son sens, ses frontières mentales, son utilisation de la violence…
L’intrigue a l’air linéaire, mais l’est-elle vraiment ? Le mystère rôde et conduit à laisser les images travailler encore la mémoire, à la manière d’un Terence Malik dans The Tree of Life (2011).Merci donc à Denis Villeneuve qui respecte son spectateur tout en désirant partager avec lui ses questions et ses inquiétudes.
Serge Molla
Nom | Notes |
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Serge Molla | 17 |
Georges Blanc | 12 |
Nadia Roch | 10 |