Paradise

Affiche Paradise
Réalisé par Sina Ataeian Dena
Titre original Ma Dar Behesh
Pays de production Iran, Allemagne
Année 2015
Durée
Genre Drame
Distributeur filmcoopi
Acteurs Fatemeh Naghavi, Dorna Dibaj, Fariba Kamran, Nahid Moslemi, Roya Afshar
Age légal 16 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 758

Critique

Hanieh (Dorna Dibai) est une maîtresse d’école de 25 ans qui vit chez sa sœur à Téhéran. Afin d’exercer son métier, elle se rend chaque jour dans une banlieue isolée et pauvre, après de longues heures épuisantes dans les transports publics. Elle demande inlassablement que son dossier soit étudié afin d’être transférée dans un établissement scolaire en ville, mais sa requête n’est jamais prise en considération, subissant les lenteurs de la bureaucratie.   

Ses élèves sont des fillettes qui suivent une instruction basée sur la discipline et la morale islamique. Aussi, Hanieh revêt quotidiennement son hijab pour intégrer un monde qui ne lui correspond pas mais dont elle se fait malgré elle la complice. Tiraillée entre son rôle de femme, de sœur, d’employée, de modèle aux enfants, Hanieh avance tant bien que mal dans cet univers régenté par l’agressivité.

Sina Ataeian Dena présente un pays divisé entre conservateurs et progressistes. Le monde urbain et le milieu rural montrent un décalage énorme des mentalités. Bien que ce film parle essentiellement des femmes, le spectateur perçoit plutôt une prison masculine dans laquelle elles sont enfermées. Le début de l’histoire est glaçant : une discussion entre l’institutrice et la directrice de l’école qui ressemble à un interrogatoire derrière lequel on ressent déjà une condamnation. On comprend le rôle de la femme en Iran en lisant les panneaux mentionnant que la burqa est une « protection » et non une « limitation », ou encore en écoutant la lecture des interdits, à savoir les jeux et le sport. On est alors en droit de se demander : comment peut-on détester autant l’amour et l’être humain ? Car à travers ce message, ce ne sont pas seulement les femmes qui subissent une telle violence éducative, psychologique et politique, mais toute une partie d’un peuple qui refuse le fanatisme d’un tel islamisme.

Réalisé sans autorisation de l’état ni subvention, ce long métrage a duré trois ans et se situe entre le documentaire et la fiction. Le cinéaste nargue, par ce pamphlet d’une violence sociale éprouvante, la censure iranienne : il se fait le porte-parole courageux d’une nouvelle géné-ration assoiffée de liberté. Il confirme par ailleurs : « N’ayant pas l’autorisation de tourner le film, nous avons dû trouver des stratagèmes originaux pour avoir les images et les sons dont nous avions besoin sans trahir l’esprit du film. D’une certaine manière, cela nous a poussés à donner le meilleur de nous-mêmes et à exploiter au maximum le potentiel des nouvelles technologies numériques. Certaines images ont été de fait reconstruites et réélaborées». Et le fait que Yousef Panahi (frère Yafar Panahi qui avait réalisé l’excellent Taxi Teheran), soit un des producteurs du film n’est certainement pas le fruit du hasard. 

Sina Ataeian Dena offre un premier volet de sa trilogie sur la violence en Iran très abouti et percutant. Malgré la rudesse du propos, on suit ce témoignage avec beaucoup d’intérêt.

Nadia Roch

Appréciations

Nom Notes
Nadia Roch 15
Serge Molla 15