Tout va bien

Affiche Tout va bien
Réalisé par Alejandro Fernandez Almendras
Titre original Aquoi non ha pasado nada
Pays de production Chili
Année 2016
Durée
Genre Drame
Distributeur trigonfilm
Acteurs Alejandro Goic, Luis Gnecco, Paulina García, Agustín Silva, Daniel Alcaíno
Age légal 16 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 755
Bande annonce (Allociné)

Critique

Film chilien, Aqui non ha pasado nada a été tourné dans l’urgence: le réalisateur Alejandro Fernandez Almendras s’inspire d’une affaire judiciaire qui a défrayé la chronique en 2014 dans son pays. En même temps son film est un tableau de la classe aisée chilienne et du fonctionnement de ses rouages: un prétexte pour montrer comment les membres de la haute bourgeoisie contrôlent le pays, vivant au-dessus de lois «qu’ils créent quand ça les arrange et qu’ils violent quand  elles sont en leur défaveur» ajoute le cinéaste. Vicente (Agustin Silva), 20 ans, débarque dans la somptueuse maison de sa mère, rentrant d’un séjour universitaire aux Etats-Unis. Il profite de faire la fête avec ses copains, passant son temps à la plage et dans les soirées organisées par la jeunesse dorée : on y boit, on se drogue, on drague et on couche sans retenue. A la fin d’une fête organisée par Manuel Larrea (Samuel Landea), fils d’un puissant industriel et sénateur, quelques jeunes partent en voiture. C’est Manuel qui conduit, tandis que Vicente s’assied à l’arrière. Le véhicule heurte mortellement un piéton sur la route, la police intervient, les occupants du véhicule témoignent et affirment que c’est Vicente qui conduisait…  Son oncle, avocat, prendra en charge sa défense, mais Vicente, coupable tout trouvé, restera le principal suspect : la justice est du côté des Larrea et des plus riches.

Un scénario qui n’est donc pas une pure fiction : il y a deux ans Carlos Larrain, fils d’un sénateur de droite influent (Martin Larrain), conduisait en état d’ivresse lorsqu’il a heurté et tué un père de trois enfants. Après deux procès reposant sur un faux témoignage et des faux dans la procédure, il sera libéré et acquitté, grâce aux relations politiques paternelles. Cette affaire provoquera une vague d’indignation au Chili. A noter que Tout va bien a pu être réalisé très vite après, grâce à une campagne privée de dons, une bonne partie de l’équipe du tournage offrant par ailleurs de travailler gratuitement.

Au-delà de l’«intrigue» du film (l’histoire de Vicente et la critique d’une justice vénale), il y a aussi la description – un peu longue parfois - d’une jeunesse qui n’a guère conscience des conséquences de ses actes, qui vit dans un monde à part, où l’on s’étourdit sans
scrupule.

Tout va bien n’est pas à proprement parler un film de fiction engagé : le réalisateur donne l’impression de laisser l’affaire se dérouler sans parti pris. Le vrai sujet, c’est le monde des privilèges, de l’argent et du pouvoir, auquel Vicente appartient aussi bien que Manuel. Et Vicente comprendra, finalement, qu’il vaut mieux respecter les codes de son propre groupe social, sauver sa peau et accepter le mensonge plutôt que chercher la vérité et la justice. Le film ne recherche donc pas l’imprévu, ni le suspense, et reste teinté de pessimisme. Tout cela est dit parfois avec un peu d’insistance et de lenteur, mais le jeu des acteurs, dynamique et plein de justesse, est à relever.

Antoine Rochat

Appréciations

Nom Notes
Antoine Rochat 14
Anne-Béatrice Schwab 14