Réalisé par | Ken Loach |
Titre original | I, Daniel Blake |
Pays de production | Grande-Bretagne, France, Belgique |
Année | 2016 |
Durée | |
Musique | George Fenton |
Genre | Drame |
Distributeur | filmcoopi |
Acteurs | Dave Johns, Hayley Squires, Dylan McKiernan, Sharon Percy, Briana Shann |
Age légal | 12 ans |
Age suggéré | 14 ans |
N° cinéfeuilles | 755 |
Ken Loach milite depuis toujours en faveur des plus faibles. Pourquoi changerait-il ? Le monde continue d’être peuplé de personnes aisées, voire très riches, ignorantes de ce qui se passe dans les couches les plus basses de la société. Il est peuplé aussi d’administrations, de fonctionnaires enfoncés dans les règlements, toute empathie écrasée par la succession de «cas».
Il faut donc des hérauts pour rappeler les réalités gênantes; ou plutôt, des porte-parole. Le réalisateur britannique en est un. Inlassable pourfendeur de l’injustice, le regard toujours plus affuté, la compassion toujours plus solidaire de la misère. Quelque chose dérange, pourtant dans ceMoi Daniel Blake, malgré le désir qu’on peut avoir de le légitimer, malgré la Palme d'Or qu'il a obtenue au dernier Festival de Cannes.
Daniel Blake est un homme dans la cinquantaine, pris dans l’absurdité des lois. En congé-maladie à la suie d’un malaise cardiaque, il ne peut reprendre son travail selon ses médecins et doit donc toucher des indemnités. Celles-ci lui sont refusées au prétexte qu’il devrait reprendre son emploi. Au cœur de ce casse-tête, il rencontre une jeune femme et ses deux enfants, eux-aussi pris dans l’absurdité d’un cercle vicieux. Leur amitié est un premier recours.
Absurde, c’est bien le mot qui revient tout au long de ce film dénonciateur d’une administration malade de ses contradictions. On veut bien dès lors, accuser avec Ken Loach. Mais dans ce que réprouve le réalisateur s’accumule une telle somme d’incongruité qu’il est difficile d’y souscrire sans réserves.
La caricature affleure parfois, les larmes coulent trop fort, l’ineptie apparaît trop comme la seule caractéristique des personnes chargées de l’aide sociale. Ces «trop» poussent le film jusqu’à la limite de l’exagération, celle de l’absence de toute chance de réhabilitation. C’est comme si les uns n’avaient aucun droit à l’excuse, les autres aucun risque d’avoir tort. La démonstration prend le pas sur la subtilité.
Il n’empêche qu’on ne résiste pas à Daniel Blake, ce révoltéde la misère, ce défenseur de la dignité. Excellent comédien, Dave Johns lui donne une force communicative. Si donc son drame et celui de ses jeunes amis semble les pousser dans un fossé de déterminisme, du moins offre-t-il au public son effort de ténacité, son absence de résignation. Là se situe l’exemple à suivre.
Geneviève Praplan
Palme d’or etmention spéciale du Jury eocuménique au Festival de Cannes 2016
Prix du public sur la Piazza Grande à Locarno en 2016
Ken Loach aime ses personnages et il le fait le bien sentir. Retrouver un emploi, élever ses enfants en bas âge, rester digne lorsqu’on se perd ou se voit perdu dans les filets administratifs, tout cela relève du parcours du combattant. Ici tout sonne juste : situations ubuesques, dérives, espoirs et déprimes. Et même lorsque le veuf de 59 ans rencontre la jeune mère célibataire de deux enfants, c’est l’humanité qui s’invite, sans toutefois glisser vers la romance ou la description d’un monde caricatural. Rien n’est simple, aucune vision n’est simpliste, le monde ne se distingue par entre les bons et les méchants : tous les personnages sont complexes. Le réalisateur ne dénonce pas, il radiographie. Du coup, chaque pas, chaque parole, chaque geste est à sa place. L’entraide entre malmenés de l’existence n’est plus ici un vain mot, elle prend forme et visage, notamment au travers des enfants qui assistent souvent impuissants à l’humiliation de leurs proches.
Ken Loach passe au scanner la société, ses services sociaux aux arcanes kafkaïens, pour que la priorité soit toujours accordée à l’humanité de tout être, capable ou non de remplir correctement un questionnaire en ligne ou de satisfaire aux exigences – parfois surréalistes – auxquelles s’expose celui qui requiert les services dit sociaux.
Serge Molla
Serge Molla
Nom | Notes |
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Geneviève Praplan | 15 |
Serge Molla | 19 |
Anne-Béatrice Schwab | 16 |
Georges Blanc | 17 |