Princess Shaw

Affiche Princess Shaw
Réalisé par Ido Haar
Titre original Presenting Princess Shaw
Pays de production Israël, France, Suisse
Année 2015
Durée
Genre Documentaire
Distributeur First Hand Films
Acteurs Jennifer Peedom
Age légal 16 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 754

Critique

Samantha Montgomery habite la Nouvelle-Orléans, travaille la journée comme aide-soignante dans une maison de retraite et enregistre la nuit sur YouTube les chansons qu’elle crée – elle les interprète elle-même, paroles et mélodies «a capella», sous le pseudonyme de Princess Shaw. Noire américaine issue d’une famille très perturbée, elle mène une existence difficile dans un quartier défavorisé de la ville. C’est de cette vie qu’elle parle quand elle chante devant sa tablette Internet, qu’elle utilise comme une sorte de journal intime. Cheveux teints en rouge, ongles peints, bagues sur les dents, solitaire, triste et drôle
à la fois, elle cherche à faire entendre sa (belle) voix, personnelle et attachante, mais les internautes ne suivent pas…

De son côté Kutiman (Ophir Kuti’el) vit à l’autre bout du monde, dans un kibboutz pas très loin de Tel-Aviv. Musicien de 32 ans, compositeur, producteur et artiste video, il utilise des extraits de clips musicaux anonymes qu’il trouve sur YouTube: sur la mélodie d’une bande sonore originale, il compose un accompagnement instrumental, s’appuyant sur les performances d’un petit orchestre. Kutiman se présente ainsi comme un internaute assez particulier qui écrit des partitions musicales pour des chansons qu’il déniche en ligne. Il découvre celles de Samantha, il les écoute, il est séduit par la belle voix de la chanteuse et - sans qu’elle le sache – décide de l’aider. Dès lors la vie de Princess Shaw va changer: elle trouvera un public (deux millions d’internautes), elle ira en Israël où elle donnera un concert, mais sans que l’on puisse vraiment deviner – le film ne le dit pas - quel tour son existence prendra par la suite.

En donnant la parole en priorité à Samantha le cinéaste israélien Ido Haar raconte comment Princess Shaw et Kutiman sont ainsi entrés en contact. Il s’attache à reconstituer toute leur histoire (vraie), avec beaucoup de tact, et définit ainsi son objectif : «Pour moi, Kutiman, Princess et tous les musiciens de mon film se trouvent sur une voie utopique, permettant à des individus des quatre coins de la planète, mais surtout à ceux qui sont sous-représentés et dépourvus de pouvoir, de communiquer et de s’exprimer, et peut-être de proposer une alternative aux règles du jeu cruelles, commerciales et injustes dominant normalement le monde actuel de la musique, de l’art et de la culture».

Conte musical moderne et humaniste, plein d’amitié et d’espoir, Princess Shaw est le portrait d’une battante, sympathique, versatile aussi à ses heures, mais qui veut à donner un sens à ce qu’elle fait et à ce qu’elle vit comme adulte. Elle cherche à dépasser les souvenirs d’une enfance tragique dont elle se fait l’écho à plusieurs reprises sur l’écran. Princess Shaw est un documentaire – certaines scènes ont bien sûr été rejouées - où l’émotion est présente, où interviennent une jeune et étonnante princesse des rues, un musicien assez génial et un cinéaste inspiré: un document qui est l’histoire d’un petit miracle, une œuvre pour le moins originale, très bien construite, toute portée par un ton personnel et des personnages attachants.

Antoine Rochat

Appréciations

Nom Notes
Antoine Rochat 16
Geneviève Praplan 12
Serge Molla 15
Anne-Béatrice Schwab 11