Réalisé par | Anne Fontaine |
Pays de production | France, Pologne |
Année | 2015 |
Durée | |
Musique | Grégoire Hetzel |
Genre | Drame, Historique |
Distributeur | agorafilms |
Acteurs | Joanna Kulig, Lou de Laâge, Vincent Macaigne, Agata Kulesza, Agata Buzek |
Age légal | 12 ans |
Age suggéré | 14 ans |
N° cinéfeuilles | 741 |
Madeleine Pauliac, médecin de la Croix-Rouge en Pologne à la fin de la seconde guerre mondiale, a pris des notes pendant son travail. On y apprend qu’un couvent a été outragé par les soldats russes qui ont violé et tué plusieurs religieuses. Quelles qu’elles soient, les guerres encouragent ce genre de lâcheté. La réalisatrice française s’est inspirée du drame de ce couvent «que la Pologne n’ébruite pas mais que certains historiens connaissent» dit-elle.
Mathilde (Lou De Laâge), jeune médecin de la Croix-Rouge, fait partie de l’équipe chargée de soigner et rapatrier les blessés français. Un soir qu’elle termine son service, elle croise une religieuse affolée qui demande de l’aide. La doctoresse n’a pas le droit de quitter le camp; elle suit pourtant la sœur dans un couvent de Bénédictines et constate que l’une d’entre elle va accoucher. Acceptée peu à peu par la communauté, Mathilde va découvrir d’autres cas et, surtout, un état d’esprit qu’elle n’avait pas imaginé, elle qui est athée.
S’il évoque un grave fait divers, Les Innocentes parle surtout d’intégrisme. Sans oublier que le film se situe en 1945, avec tout ce qui différencie cette époque de notre temps du point de vue de la liberté sexuelle, le comportement des religieuses qui refusent de se laisser soigner, même par une femme, si elle doivent se dévêtir, dit bien à quel point le corps a été flétri par les religions, catholique en l’occurrence. Le corps de la femme surtout, toujours vu comme occasion de péché, toujours soumis à la purification.
Comment des Bénédictines qui ont fait vœu de chasteté peuvent-elles accepter les multiples viols et la grossesse qui en résulte? Comment comprennent-elles «la volonté de dieu» qui se manifeste à leurs dépens? C’est simple, elles ne l’acceptent pas, ou elles l’ignorent. Elles préfèrent baisser la tête, taire leur malheur et prier.
Anne Fontaine interroge cette absurdité et les doutes qu’elle fait naître. Elle considère la place donnée à un dieu qui décide de tout; cette foi de charbonnier qui interroge violemment l’agnostique, n’est-ce pas de l’orgueil? Les questions sont posées, mais sont-elles suffisamment approfondies?
Pas si on les compare à ce que réussit le cinéaste roumain Christian Mungiu dans un film sur «ce que les gens font au nom de leurs croyances», le terrible Au-delà des collines (2012). Alors qu’il dessine la tragédie en la laissant presque hors champ et se concentre expressément sur elle, la réalisatrice française affaiblit son propos en l’assortissant d’éléments distractifs, comme la relation de Mathilde avec son médecin-chef, son joli minois, ses élégantes tenues qui font oublier le contexte de guerre.
Il faut donc se défendre de suivre la pente commode du film et s’accrocher au bouillonnement existentiel qui ronge les religieuses. «La foi, c'est vingt-quatre heures de doute et une minute d'espérance», confie l’une d’elles. Là se trouve l’intérêt du film. Le reste n’est qu’esthétisme.
Geneviève Praplan
Nom | Notes |
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Geneviève Praplan | 15 |
Georges Blanc | 18 |
Anne-Béatrice Schwab | 15 |