Réalisé par | Kaouther Ben Hania |
Pays de production | Tunisie, France, Canada, Emirats Arabes Unis |
Année | 2014 |
Durée | |
Musique | Benjamin Violet, Si Lemhaf |
Genre | Policier |
Distributeur | trigonfilm |
Acteurs | Kaouther Ben Hania, Jallel Dridi, Moufida Dridi, Mohamed Slim Bouchiha, Narimène Saidane |
Age légal | 16 ans |
Age suggéré | 16 ans |
N° cinéfeuilles | 730 |
«Challat» signifie «balafreur» en arabe. En 2003, à Tunis, un homme à mobylette, armé d’une lame, tailladait les fesses des femmes qu’il jugeait indécentes. Personne ne l’avait vu, ni ne le connaissait. Rumeur ou réalité? Jallel (JallelDridi) a pourtant été arrêté, puis innocenté.
«Ces événements insensés m’ont semblé révélateurs d’un malaise, d’une désinformation orchestrée et d’un tiraillement entre appréhension et émancipation», résume la réalisatrice qui a mené sa propre enquête. Sous la dictature de Ben Ali, commeil était impossible d’obtenir le moindre renseignement, elle a abandonné son projet. Mais après la révolution tunisienne les choses ont changé.
Avec Le Challat de Tunis, Kaouther Ben Hania interroge le sens du documentaire - et celui de la rumeur – en jouant avec la fiction. Mais est-ce de la fiction quand de pseudo-acteurs disent ce qu’ils pensent et dévoilent ainsi tout un pan de leur société? C’est la question sur laquelle se base le film. Car, peu importe, au fond, si l’on dit vrai ou si l’on ment à la réalisatrice. Peu importe si elle-même met en scène certaines séquences afin de reconstituer ce qui aurait pu se passer, car «l’enjeu n’est nullement de reproduire le réel, mais de l’interroger.»Autrement dit, seul compte ce que révèle cette histoire. Et la dominante est bien cette société masculine encore si lourdement marquée par l’obscurantisme, le mépris qui perdure entre hommes et femme, l’incompréhension d’une vraie relation de couple.
Même si le ton balance entre l’humour et l’absurde – voir par exemple dans la séquence du «virginomètre», authentique faux –même si les hommes qui s’expriment semblent parfois ne pas trop se prendre au sérieux, il en ressort que les rues du nord-africain sont encore peuplées de fantasmes et d’absurdité. «En Tunisie, ce qui fait vivre les gens face aux choses sérieuses, inévitablement étouffantes, c’est le sens de l’ironie.»
Mais la cruauté de la bêtise n’est-elle pas généralisable? «J’ai aussi fait ce film pour toutes les personnes en qui sommeille un Challat. Si elles arrivent à le regarder et à rire d’eux-mêmes, ce ne sera déjà pas mal. »
Geneviève Praplan
Nom | Notes |
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16 | |
14 | |
Anne-Béatrice Schwab | 16 |