Le Masque de San

Après les documentaires Je chanterai pour toi, On the Rumba River, passionnants voyages au cœur de l’Afrique, sortis dans de nombreux pays et moult fois récompensés, Le Masque de San est le premier long métrage de fiction de Jacques Sarasin, fiction totalement nourrie de la réalité du terrain.

C’est l’histoire d’un masque, perdu dans une collection occidentale, qui retourne sur sa terre d’origine au Mali et la quête d’un homme (formidable Bakary Sangaré), devenu au fil du temps le passeur d’un monde à l’autre, du monde occidental au monde africain. Construit comme un road-movie ethnologique, le film évolue à mesure que l’homme et le masque s’enfoncent dans la brousse africaine, dans des territoires où magie et réalité se répondent.

Bien que le cinéaste, son co-scénariste et une partie de l’équipe technique soient suisses et français, ce film réalisé au Mali en 2013 pendant l’intervention française, est plus africain qu’européen, tourné dans une forme d’urgence au vu d’événements imprévisibles lors de son écriture et élaboration. Il est africain par imprégnation et par la qualité du scénario retravaillé sur place, de la mise en scène avec des plans larges, des acteurs, des musiciens, de l’équipe technique malienne. «Rien ou presque n’est issu de notre culture occidentale. Nous avons travaillé pour mettre en valeur la culture malienne, aussi pour montrer que l’Afrique est culturellement très riche. En cela, je pense que l’on peut dire que le film est africain.»

A travers cette quête, c’est toute la question des rapports entre l’Afrique et l’Occident qui est posée, entre les anciens et les modernes, les ancêtres avec leurs traditions et sociétés secrètes et la nouvelle génération qui s’en est émancipée. Une quête et enquête riches et denses, avec son lot d’enjeux qui nous échappent en partie, de zones obscures et de questions sans réponse!