Réalisé par | Stéphane Brizé |
Pays de production | France |
Année | 2015 |
Durée | |
Genre | Drame |
Distributeur | xnix |
Acteurs | Vincent Lindon, Yves Ory, Karine De Mirbeck, Matthieu Schaller, Xavier Mathieu |
Age légal | 16 ans |
Age suggéré | 16 ans |
N° cinéfeuilles | 725 |
La Loi du marché suit le parcours de Thierry (formidable Vincent Lindon!), la cinquantaine, au chômage suite à un licenciement. On l’accompagne dans ses rendez-vous à Pôle Emploi et à la banque, ses entretiens d’embauche et séminaires de formation, dans sa vie de famille, puis dans le travail qu’il décroche enfin comme vigile de supermarché, surveillant clients et collègues…
Le film s’organise avec rigueur en une succession de séquences toutes concentrées sur l’essentiel. Le personnage central est mis en scène dans un minimum de situations différentes et avec peu de paroles échangées. Et à partir d’un plan fixe cadré sur un visage quasi immobile, quelques mots prononcés, c’est toute une tranche de vie qui se dévoile, révélant une réalité sociale et le constat effarant d’une spirale infernale qui émerge des marges de l’écran.
Dans la lignée des grands réalisateurs belges et britanniques champions du réalisme social, Stéphane Brizé réussit un film fort et courageux. Sans pathos ni complaisance, sans jamais nous distraire de l’essentiel, sans discours militant, il dit avec empathie, rigueur et honnêteté, le désarroi et le malheur de travailleurs broyés par la perte d’emploi ou par l’emploi lui-même, l’impuissance de petites gens face à des fonctionnaires et à un système économique qui dilue, reporte ou supprime la responsabilité des décideurs.
Après Mademoiselle Chambon etQuelques heures de printemps, Stéphane Brizé dirige Vincent Lindon pour la troisième fois. Entouré de quelques acteurs et de plusieurs non professionnels, il fallait un comédien de sa trempe, bouleversant de vérité, pour incarner lequotidien d’un homme seul dans son combat et face aux choix à faire.La présence et l’amour de sa femme et de son fils handicapé sont bien les rares lueurs de tendresse et d’espoir. Ce rôle magnifique lui a valu le prix d’interprétation masculine à Cannes cette année. Un film dur et rugueux, implacable, dense, à voir absolument.
Anne-Béatrice Schwab
Mention spéciale du Jury œcuménique
Depuis son licenciement et un stage de formation de grutier (qui ne lui a servi à rien) et ses passages réguliers à Pôle-emploi, de l’entrevue via Skype à un exercice de présentation-valorisation de soi, Thierry, 51 ans, tente de mettre toutes chances de son côté pour retrouver du travail. Aux côtés de son épouse, il se bat ; ensemble, ils ont l’habitude de faire face, d’autant plus que leur fils unique est handicapé et qu’il leur est partiellement à charge. Du coup, ils sont prêts à vendre leur mobil-home, mais pas aux prix de perdre la face. Thierry décroche finalement un poste de vigile dans une grande surface, consistant à surveiller (notamment via de nombreuses caméras) le comportement des clients et du personnel et à, si besoin est, dénoncer le vol et témoigner en présence de la personne malhonnête. Mais quand il s’agit d’un petit vieux qui a volé pour manger ou d’une caissière qui a gardé des bons-cadeaux, Thierry atteint ses limites.
Vincent Lindon (Prix d’interprétation masculine) joue ce rôle avec une troublante justesse et est entouré d’acteurs non professionnels qui tiennent pour la plupart leurs propres rôles. Toute l’équipe permet à cette réalisation d’être d’une justesse absolue et de dénoncer sans caricature ou manichéisme les dérives d’un système où les contraintes économiques broient les hommes, où l’on croit pouvoir responsabiliser chacun en lui désignant sa place d’inférieur. Ce film n’est pas un documentaire, mais en a la force de conviction et les questions éthiques qu’il soulève ne passeront pas de sitôt.
Serge Molla
Serge Molla
Nom | Notes |
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Anne-Béatrice Schwab | 19 |
Georges Blanc | 16 |
Serge Molla | 18 |
Nadia Roch | 16 |