De l’autre côté de la porte

Affiche De l’autre côté de la porte
Réalisé par Laurence Thrush
Titre original Tobira no Muko
Pays de production Japon
Année 2009
Durée
Genre Drame
Distributeur ED Distribution
Acteurs Kenta Negishi, Kento Oguri, Masako Innami, Sadatsugu Kudo, Go Furusawa
Age légal 16 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 723
Bande annonce (Allociné)

Critique

Le scénario du réalisateur britannique Laurence Thrush s’inspire de faits réels et d’expériences vécues par des familles nipponnes : De l’autre côté de la porte se déroule au Japon et aborde le thème de l’«hikikomori», une pathologie sociale qui touche certains adolescents ou jeunes adultes qui décident de s’enfermer dans leur chambre pour plusieurs mois, voire plusieurs années consécutives, en refusant s’en sortir. On dit qu’il y a actuellement au Japon 265.000 cas semblables (on articule même le chiffre d’un million). 

Comme beaucoup d’autres ados de son âge, Hiroshi (Kenta Negishi, acteur non professionnel qui a lui-même vécu l’expérience de l’enfermement) fréquente, avec un frère plus jeune, une école privée. Mais du jour au lendemain il refuse d’y aller et s’enferme dans sa chambre, sans plus jamais communiquer avec ses parents, sauf par petits billets. Sa mère – une femme par ailleurs assez réservée- lui livre chaque jour de l’eau et de la nourriture sur un plateau qu’elle pose devant sa porte. Un jour, son père – un homme qui accorde plus d’attention au vernis de ses souliers qu’à ses propres enfants – tentera  par la force de le faire sortir de son repaire, mais sans succès. Pendant une année et demie, l’ado restera muré loin du monde. «Avoir un hikikomori dans sa famille, c’est une honte», dit le père.

Le réalisateur adopte le point de vue (extérieur) de la famille, en utilisant des moyens minimalistes: Hiroshi une fois enfermé, on ne le voit plus. On assiste alors à l’effondrement de la cellule familiale: les parents se taisent, le père quitte le foyer, et le frère, délaissé, trinque dans l’aventure. Avec ce récit d’un étouffement familial, le film devient oppressant. L’écriture filmique y contribue: choix du noir et blanc, mise en scène statique, utilisation de diverses focales, d’ombres et de flous, décors symboliques (grillages, barreaux, vitres), huis clos, peu de dialogues - il faudra attendre l’intervention de Kudo, un psychothé-rapeute professionnel, pour que les échanges verbaux reprennent. La musique (électronique), discrète, se réduit à quelques mesures.

De l’autre côté de la porte date de 2009 et a circulé dans plusieurs festivals internationaux. Il arrive aujourd’hui chez nous, avec le poids d’un docu-fiction intéressant, en prise avec l’actualité. On pourrait peut-être reprocher au cinéaste de n’avoir pas cherché à évoquer ce qui se situe en amont du récit proposé, à savoir peut-être les antécédents familiaux (ou sociaux) d’Hiroshi susceptibles d’expliquer, peu ou prou, cette dérive existentielle. Priorité à été donnée à une tension assez forte, à une émotion contenue – surtout dès l’intervention du thérapeute – plutôt qu’à une tentative d’analyse ou à une recherche des causes (sociales, scolaires, affectives?) de cette rupture familiale.

Antoine Rochat

Appréciations

Nom Notes
Antoine Rochat 15