Enfant 44

Film policier ? Film historique ? Film politique ? Film social ? Il n’est pas facile de le dire : Daniel Espinosa mélange les genres sans génie, au point d’en tirer quelque chose qui, finalement, ressemble surtout à l’aventure d’un couple de héros très hollywoodiens.
 
En quelques séquences écrasées par la bande-son, le temps du générique, le scénario situe le passé de Leo Demidov (Tom Hardy), orphelin évadé, réfugié auprès d’un soldat russe, devenu soldat à son tour lors de la seconde guerre mondiale. Le voilà donc aujourd’hui, en 1952, brillant officier de la police secrète soviétique, marié à Raïssa (Noomi Rapace). Les malheurs vont fondre sur lui lorsqu’un enfant assassiné est présenté comme victime d’un accident. Léo refuse les conclusions de l’enquête. Or, sous Staline, aucun crime ne peut se produire puisque l’Etat soviétique est un « paradis ».
 
Coproduction internationale, plus ambitieuse que réussie, Enfant 44  peine à convaincre. Ne serait-ce que par ses acteurs, censés être russes, et qui parlent l’anglais en roulant les « r ». L’entier de la mise en scène use d’éléments convenus, comme les tournages de nuit, les couleurs froides, les effets de brouillard pour provoquer l’angoisse. Une musique tonitruante annonce chaque drame. Et c’est peu dire que le récit manque de finesse, quel que soit le succès du roman de Tom Rob Smith sur lequel il s’appuie.
 
C’est dommage car il y aurait beaucoup à dire sur la terrible époque stalinienne. Au contraire, dans un film soucieux de spectacle et de rentrées d’argent comme celui-ci, la réalité des faits est mise au service d’un seul but : la fabrication des héros.