Le President

Affiche Le President
Réalisé par Mohsen Makhmalbaf
Pays de production Allemagne, France, Géorgie, Grande-Bretagne
Année 2014
Durée
Musique Guja Burduli, Tajdar Junaid, Daler Nazarov, Kvicha Maglakelidze
Genre Comédie dramatique
Distributeur frenetic
Acteurs Ia Sukhitashvili, Misha Gomiashvili, Dachi Orvelashvili, Guja Burduli, Zura Begalishvili
Age légal 14 ans
Age suggéré 14 ans
N° cinéfeuilles 720
Bande annonce (Allociné)

Critique

La dictature enferme les potentats dans un système qui les rend étrangers à la réalité. Le président imaginé par le réalisateur iranien découvre la vie de son peuple, à travers une comédie souvent très sombre.
 
Mohsen Makhmalbaf a quitté l’Iran en 2005 pour protester contre la censure et fuir les menaces de mort dont il est l’objet. Militant des droits de l’homme et cinéaste engagé, il est l’auteur d’une vingtaine de films, dont Kandahar sorti en 2001. Avec The President, il tourne en Géorgie une fable universelle sur les dictatures.
 
Le Président (Misha Gomiashvili) explique à son petit-fils (Dachi Orvelashvili) ce que signifient régner et commander. Une révolution éclate à ce moment précis et la famille est acculée à la fuite. Epouse et filles embarquent dans leur avion privé; elles reviendront lorsque le Président aura remis de l’ordre dans le pays. Cela ne se passe pas tout à fait comme espéré et cette fois, c’est le Président lui-même qui doit quitter le palais, accompagné de son petit-fils. Déguisés en musiciens ambulants, ils vont fuir à travers le pays et découvrir comment vit leur peuple.
 
Inspiré par les révolutions arabes, Makhmalbaf a peint un pays imaginaire, sachant bien que toutes les dictatures se ressemblent. «Le film évoque des événements qui se sont déroulés dans plusieurs Etats par le passé, et qui sont, malheureusement, susceptibles de survenir à nouveau à l’avenir», explique-t-il. Les dictateurs sont les mêmes partout, ils agissent en toute impunité et opprime leur peuple, ajoute-t-il.
 
L’histoire commence dans la farce. L’ironie avec laquelle est présenté l’autocrate n’a d’égal e que son ridicule: autoritarisme gratuit, stupidité du luxe, copie sotte des modes occidentales, disputes… Le ton change au cours du film. De l’ironie, il y en a encore certes, mais le désastre de la réalité prend le pas sur l’humour, acculant le Président à constater son œuvre. L’enfant (étonnant Dachi Orvelashvili) est tantôt questionnant selon son bon sens, tantôt méprisant selon son éducation royale.
 
La fable –en est-ce vraiment une ? - s’approche presque trop du film policier, basé essentiellement sur la poursuite. Toutefois on mesure en même temps l’éveil du protagoniste à la générosité, avançant toujours plus vers la déchéance, s’habituant presque à la misère et surtout, sans cesse confrontés aux conséquences de son gouvernement passé. Son petit-fils, forcément, n’est qu’une victime de plus, victime d’un conditionnement qui pourrait le trahir à chaque pas.
 
Outre la drôlerie de certaines situations, l’intérêt de The President se situe dans la possible rédemption du criminel. Il laisse au dictateur le temps de réfléchir à ses actes, maintenant que le pays entier se retourne contre lui et qu’il se retrouve de l’autre côté du pouvoir. Par ailleurs, Makhmalbaf qui a bien observé les révolutions, profite de son film pour rappeler que la violence du despoter engendre celle du peuple et qu’au lieu d’une libération, le risque est celui d’un enchaînement de tragédies… Peut-on renverser un autocrate sans verser le sang ? Peut-on renoncer à la vengeance ? Ce sont en définitive les deux grandes questions que posent le film.

Geneviève Praplan

Appréciations

Nom Notes
Geneviève Praplan 15
Georges Blanc 12