L’Oasis des mendiants

Les réalisatrices Janine Waeber et Carole Pirker se sont immergées, entre 2011 et 2013, dans la vie des Roms lausannois, pour sortir ce film réussi, instructif, et qui remet plusieurs pendules à l’heure. Un film qui ne prend pas parti mais explique.
Au cœur du film, il y a l’initiative populaire lausannoise visant à interdire la mendicité et les Roms, sous prétexte qu’ils seraient des membres, ou des victimes, de réseaux mafieux. Or les réalisatrices nous démontrent qu’il n’y a aucune mafia, aucune organisation, seulement des gens de tous âges qui cherchent à survivre.
La caméra aborde le thème sous tous ses aspects. On assiste à des débats à la Municipalité, dans lesquels un ou deux politiciens qui n’ont pas peur du ridicule veulent interdire la mendicité et expulser les Roms... pour leur bien, évidemment. Des représentants sociaux et religieux s’interposant entre des pelleteuses et les abris précaires sous lesquels les enfants dorment au sec. Le quotidien des
mendiants eux-mêmes. Un couple de retraités lausannois laissant leur maison pendant leurs vacances à une famille, leur offrant un peu de confort. Le tout sous le regard du policier Glassey qui connaît bien les Roms, leur langue, leur pays et leurs problèmes, et qui doit trouver le juste milieu entre sa compassion, et le respect de la loi qui se durcit progressivement.
La mafia, la violence, le lien entre les mendiants et les cambriolages, le film démonte patiemment et efficacement ces contre-vérités. Reste un terrible sentiment d’impuissance, un énervement contre certains arguments fallacieux, et quelques actions individuelles et sourires collectifs qui améliorent le tableau.