Critique
Forcément. Quand on possède une intelligence des plus remarquables, mais que, faute de moyens financiers, on ne peut accéder à la faculté de son choix, il y a de quoi souffrir de frustration. Luke McNamara (Joshua Jackson) en est là. Pour lui, la seule façon de poursuivre des études, qui lui ont déjà coûté l'emprunt de fortes sommes, serait de se faire admettre parmi les Skulls, une société secrète qui recrute ses membres parmi les jeunes les plus fortunés. Luke aime Chloë (Leslie Bibb), ce sentiment aussi lui est interdit, la jeune fille étant elle-même issue d'une famille richissime qui la désavouerait pour son choix. Ce sont bien les Skulls qui, seuls, tireront l'étudiant d'affaires. Son ami Will (Hill Harper) a beau l'en dissuader, Luke s'engage dans les étapes initiatiques qui lui ouvriront la voie de Harvard et celle de Chloë. Et après? Après rien. Ce scénario au début douteux se prend les pieds dans un arsenal de sottises qui découragent vite le spectateur. Le pauvre étudiant intelligent et moral contre le riche magistrat corrompu, le fils faible et surprotégé par un père tout-puissant, voilà à peu près le ressort de l'affaire, mais ce ressort-là a déjà beaucoup servi. Ni les tentatives d'analyse psychologique, ni les rebondissements qui n'en sont pas ne sauveront ce film. La vacuité de THE SKULLS ne fait que renforcer le génie de Stanley Kubrick qui, dans EYES WIDE SHUT, avait ouvert une étonnante lucarne sur les sociétés secrètes.
Geneviève Praplan