La rançon de la gloire

Le premier plan du film annonce Canton de Vaud et l'on voit la monumentale porte de fer de la prison du Bois-Mermet - belle image touristique... En sort Eddy (Benoît Poelvoorde), à qui le gardien recommande de ne plus faire de bêtises. Il est accueilli par son copain Osman (Roschdy Zem), employé à la voirie de Villeneuve, qui a aménagé à son intention une caravane pourrie pour qu'il s'occupe de sa fille Samira (Séli Gmach, excellente), car sa femme Noor (Nadine Labaki) va au-devant d'une coûteuse opération du dos. Les temps sont durs, l'argent manque - mais Eddy, toujours inventif, entend tirer parti du récent enterrement de Charlie Chaplin: il s'agit d'exhumer le cercueil, de le cache dans un champ de la plaine du Rhône et d'exiger une coquette rançon de la famille... On se souvient que ce fait-divers avait défrayé la chronique en 1977.
Il y a du beau linge au générique, avec en prime Chiara Mastroianni (dans une séquence de cirque qui n'ajoute rien au film), Dolores et Eugène Chaplin. Caroline Champetier, directeur de la photographie, est moins inspirée que dans Des hommes et des dieux qui, rappelons-le, avait valu Palme d'Or et Prix oecuménique à Cannes en 2010. Et le réalisateur est moins inspiré encore, qui livre un téléfilm poussif et sans émotions. Les spectateurs vaudois s'amuseront peut-être à repérer quelques sites et paysages familiers et souriront devant des policiers bien provinciaux. Dans cette galère, seul Peter Coyte, dans le rôle de Crooker, homme de confiance de Chaplin depuis des lustres, tire son épingle du jeu avec classe.