Victorieux ou morts mais jamais prisonniers

Voici qu'une rareté s'offre à nos yeux: un film d'un documentariste haïtien. Valse avec Bachir a-t-il eu une influence? toujours est-il qu'animation et images d'archives sont judicieusement combinées pour évoquer une page cruciale de cette république des Grandes Antilles qui, jadis, était comme Cuba le bordel et le casino des Etats-Unis... Les présidents s'y sont succédé au gré d'élections et de coups d'Etat.

Voilà donc le Dr François Duvalier («Papa Doc») élu en septembre 1957, dont la prise en main énergique tient les militaires à l'écart. Parmi d'anciens officiers proches du précédent président Magloire, les anciens lieutenants Alix «Sonson» Pasquet, Henri «Riquet» Perpignand et Phillipe «Fito» Dominique, accompagnés de cinq mercenaires étasuniens (des shérifs à la retraite), débarquent de Floride à Délugé, au nord de Port-au-Prince. A eux seuls, ils s'emparent des casernes Dessaline, avant-poste du Palais National. Duvalier, qui avait surestimé ses assaillants, finit par l'emporter; les conspirateurs succombent, les milices populaires, mieux connues comme «tontons macoutes», sont mises en place et rendent possible une dictature de 28 ans.

Le documentaire a le mérite de réunir les témoignages d'acteurs des événements d'alors et de mettre l'histoire en perspective. On peut se demander si ce coup d'oeil dans le rétroviseur est indispensable alors qu'aujourd'hui, depuis 2010, Haïti a des sujets de préoccupation plus urgents.