De son enfance et son adolescence déglinguées entre une mère irresponsable et un beau-père brutal à La Courneuve, banlieue au nord de Paris, Sylvie Ohayon a tiré une autobiographie parue aux éditions Laffont, qu’elle vient d’adapter au cinéma. Papa n’était pas un Rolling Stone est son tout premier film.
L’histoire débute quand elle (sous le prénom de Stéphanie) a seize ans, en 1986, et que pour supporter son quotidien et nourrir l’espoir de s’en sortir un jour, elle se réfugie dans les livres, écoute en boucle les chansons de Jean-Jacques Goldman tout en s’accrochant furieusement à ses études. De mère juive sépharade tunisienne (Micheline, alias Aure Atika) et d’un père kabyle qu’elle n’a jamais connu et qui a jeté la honte sur la femme qu’il a mise enceinte, elle assume difficilement cette origine complexe et problématique. C’est grâce à sa grand-mère Margot (Attica Guedj) et à une amie de galère qu’elle survit aux coups de son beau-père Christian, un fieffé raciste qui l’a adoptée, incarné par un Marc Lavoine inquiétant à souhait. Sa mère prend la poudre d’escampette un beau matin sans crier gare. Stéphanie hésite entre la danse et des études universitaires, ce qui semble tout à fait exotique dans cette banlieue métissée dépourvue d’avenir. Mais voilà qu’elle tombe enceinte.
La réalisatrice a planté ses caméras au pied des immeubles à La Courneuve pour filmer au plus près la vraie vie de la cité où elle a grandi, et où elle a fini par réussir à prendre son envol vers Paris et la Sorbonne. Son film est rude comme la vie dans ces banlieues-ghetto. Dommage que Sylvie Ohayon décrive parfois avec une complaisance presque distante son univers passé, et cela pendant plus de deux heures, ce qui empêche au bout du compte une véritable empathie.