Pause

Ce premier long métrage de Mathieu Urfer a été présenté voilà quelques semaines au public de la Piazza Grande, à Locarno - joli coup de projecteur offert par le festival à un jeune réalisateur et musicien pour sa «comédie romantique country». L'étiquette correspond au contenu: les tentatives de reconquête d'une jeune femme par son soupirant sont ponctuées d'événements qui font sourire et la musique tient une place non négligeable. Tout commence par le largage hivernal de Sami (Baptiste Gilliéron) par une petite amie. Le jeune homme s'installe dans une sorte de bohème nonchalante, campant dans sa voiture, glandant dans un vague petit boulot puis squattant l'appartement de Julia (Julia Faure), sa nouvelle dulcinée qui, au bout (à bout?...) de quelques années, demande une pause. Sami est persuadé qu'elle s'est éprise de Lionel (Nils Althaus), patron d'une petite entreprise important du coton bio, et il s'investit d'autant plus dans le duo de country qu'il forme avec Fernand (André Wilms), vieux garçon à la septantaine bien sonnée qui savoure ses bonnes bouteilles dans sa chambre d'EMS et qui lui distille conseils et aphorismes («Il est plus facile de séduire 50 femmes que de séduire 50 fois la sienne», «Celui qui a des enfants vit comme un chien et meurt comme un homme, celui qui n'a pas d'enfants vit comme un homme et meurt comme un chien...» Pause est un premier film sympathique et bon enfant qui manque un peu d'allant (à cet égard, il reflète bien le tempérament du personnage principal), à la réalisation soignée pour ne pas dire un peu scolaire. Mathieu Urfer se déclare admirateur de Mika Kaurismäki: il le manifeste par deux clins d'oeil, le recours au photographe du réalisateur finlandais et la présence d'André Wilms, qu'on a pu apprécier notamment dans La vie de bohème et dans Le Havre.