Under the Skin

Les premières images sont abstraites et semblent évoquer des planètes lointaines; les cercles deviennent concentriques et forment un oeil, tandis qu'une voix off chuchote. Puis la caméra balaie une vaste lande écossaise où l'on distingue le phare d'une moto; l'engin s'arrête devant un fourgon, le pilote va ramasser dans les herbes hautes le cadavre d'une jeune femme qu'il charge dans le véhicule. Dans une maison isolée et déserte, le cadavre est dévêtu et apparemment écorché pour habiller une silhouette mystérieuse, qui ressemble désormais étrangement à la morte. Laura (Scarlett Johansson), c'est son nom, sillonne la région, essayant de «lever» des hommes de préférence solitaires et sans famille qu'elle entraîne à sa suite, leur faisant miroiter une bonne fortune alors qu'ils disparaissent et se dissolvent dans une pièce d'eau noire.
Esthétiquement raffiné voire prétentieux au niveau de la photographie et de la musique, le film, adapté d'un roman de science-fiction, offre un personnage singulier à Scarlett Johansson, naguère réduite à une voix off dans Her, ici quasiment muette... L'ambiance est crépusculaire et pesante, certaines scènes peuvent choquer des spectateurs sensibles. Au bout du compte, un exercice de style plutôt brillant, mais vain.