Kumbh Mela - Sur les rives du fleuve sacré

Selon le quotidien français La Croix, c’est «le plus grand festival religieux du monde». Tous les 12 ans, au début de l’année, des dizaines de millions de pèlerins hindous se retrouvent à Allahabad, au nord de l’Inde, pour le bain sacré dans le Gange. La manifestation dure deux mois, au cours desquels des personnes seules, des familles, des sectes se rejoignent et prient ensemble. C’est ce que Pan Nalin a voulu transmettre par l’image. «A quel endroit sur Terre pourrait-on être témoin d’un tel pouvoir de dévotion? De nos jours, nous perdons le contact réel avec les religions: tout est pouvoir, politique, fanatisme et exploitation de la foi. Les vrais dévots sont rares et en voie de disparition. Les religions n’ont plus aucun sens: la spiritualité est emballée, exportée puis réimportée comme un mode de vie. Ainsi, seuls les plus démunis ont encore une foi réelle – le Kumbh Mela en est le spectacle.» Le réalisateur indien renonce au documentaire classique et ne se livre à aucune enquête sociologique. Voulant ramener «des histoires» à son père, il s’attache à quelques personnes rencontrées par hasard et les suit dans leur aventure. Il y a un sâdhu (homme saint) qui, malgré son renoncement au monde, élève l’enfant qu’on a abandonné devant sa porte. Il y a un adolescent fugueur, ou encore des parents qui ont perdu leur petit garçon dans la foule. Le destin de ces personnages illustre la diversité de la foule impressionnante, assemblée par une foi profonde, mais aussi la confiance et l’espoir d’obtenir une réponse à sa prière. Le film ouvre une perspective sur un aspect de la religion hindoue et de la vie indienne. La plupart des croyants sont très humbles. Ce qui leur arrive est aussi l’occasion de comprendre comment est organisé cet immense rassemblement dans lequel les sectes de sâdhus jouent un rôle important. Pan Nalin suit les personnages qu’il a repérés et les écoute. On le devine attaché à ces êtres qui lui rappellent probablement son enfance pauvre. Conscient que «l’audiovisuel envahit nos sens», il a voulu filmer d’une autre manière, cernant de très près ses protagonistes afin de susciter un maximum d‘empathie chez les spectateurs du film. Alors que le pèlerinage se présente comme une masse grouillante, Nalin en tire des images somptueuses; elles font oublier l’inquiétant bouillon de culture que devient le Gange au moment du Kumbh Mela.