Je suis Femen

Affiche Je suis Femen
Réalisé par Alain Margot
Pays de production Suisse,
Année 2013
Durée
Genre Documentaire
Distributeur filmcoopi
Acteurs Jennifer Peedom
Age légal 12 ans
Age suggéré 4 ans
N° cinéfeuilles 702

Critique

Venant d’Ukraine, et aujourd’hui en exil forcé en France, Oxana, Anna, Sasha et Inna, les initiatrices et théoriciennes du mouvement Femen, ont rapidement vu leur notoriété et leurs combats sortir des frontières de leur pays. Le réalisateur chaux-de-fonnier Alain Margot les a suivies pendant des mois, de Kiev à Moscou, de Zurich à Paris, pour nous proposer ce documentaire réussi, parfois  drôle, parfois grave, et souvent effrayant. Un film qui nous démontre que ces jeunes femmes, contrairement à ce que l’on pourrait croire au premier abord, sont beaucoup plus que des écervelées gauchardes, aux idées révolutionnaires et aux méthodes «poitrinaires».
Devant la caméra d’Alain Margot, nous les voyons par exemple protester contre le directeur d’un zoo qui empoisonne ses animaux pour pouvoir revendre le terrain à prix d’or, ou rappeler à la population que le plus gros des préparatifs pour la finale de l’Euro 2012 à Kiev a été de vider les étudiants de leur logement pour créer un maximum de lieux de prostitution pour les touristes. Elles protestent également contre le fait que trois hommes, reconnus coupables du viol et du meurtre d’une jeune fille, s’en tirent (dans un premier temps) sans dommages grâce à leurs notables de pères. Elles s’engagent de manière non violente pour leur conception du féminisme évidemment, mais aussi pour l’écologie, l’éducation, ou contre la prostitution et la pédophilie. Et, bien sûr, elles n’ont de cesse de dénoncer la corruption du gouvernement ukrainien et d’attaquer Poutine, l’ennemi juré de la démocratie.
Mais le film ne se contente pas d’aligner les scènes de manifestation. Une grande place est réservée à des interviews face caméra des activistes, de leurs proches ou aux réactions des gens de la rue. Le cinéaste s’intéresse particulièrement à Oxana, qui nous raconte son enfance, ses parents, ses prises de conscience, et le chemin qui l’a menée à l’activisme après avoir été tentée par le couvent. Si les Femen sont non-violentes, on ne peut pas en dire autant de ceux qu’elles affrontent. Le réalisateur les suit par exemple lors d’une de leurs actions en Biélorussie, dont elles ont bien failli ne pas revenir vivantes. Intimidations, calomnies, prison, menaces, ratonnades étaient leur quotidien, jusqu’à ce qu’elles soient contraintes à s’exiler et à regarder de loin les récents événements en Ukraine. Des événements auxquels elles ne sont probablement pas tout-à-fait étrangères.
Evidemment, les combats ne sont pas tous d’égale importance ou d’égale sincérité, et on comprend que cette surenchère puisse irriter. Mais voilà un film qui mettra tout le monde d’accord sur un point en tout cas: que l’on adhère ou non à leurs idées et à leurs méthodes, personne ne pourra nier qu’on a affaire à des jeunes femmes résolues, engagées et courageuses.

Serge Molla

Appréciations

Nom Notes
Philippe Thonney 15
Daniel Grivel 15