Melaza

Aldo (Armando Miguel Gómez) et Monica (Yuliet Cruz) s’aiment comme au premier jour malgré leurs difficultés à nouer les deux bouts. Elle travaille dans une raffinerie de sucre désaffectée, lui est instituteur. Ils vivent à Melaza, dont le nom signifie mélasse, un village cubain assoupi où le temps semble s’être arrêté. Entouré d’une belle-mère impotente et d’une fillette d’un premier lit, le jeune couple lutte pour son quotidien, sans cesse à la recherche d’expédients. Une seule chose est sûre dans ce Cuba loin de La Havane, leur amour l’un pour l’autre. Mais le jour où la police les surprend à louer leur chambre à une amie qui y invite sa conquête d’un soir et leur inflige une amende salée, c’est un peu comme si le ciel leur tombait sur la tête.
«J’ai réalisé que j’avais raconté une histoire d’amour qui laissait un léger arrière-goût d’optimisme dans la bouche, mais qui peut aussi être amère comme peut l’être la mélasse. L’amertume d’une tragédie qui se déroule sous les tropiques, sous un soleil éclatant, avec quelques cannes à sucre encore vertes et deux amoureux se soutenant l’un l’autre face au pire.» Ces propos du cinéaste résument parfaitement le sentiment qui domine à la découverte de cette chronique douce-amère d’un Cuba qu’on connaît si peu, celui des campagnes. Malgré son rythme engourdi, ce film au naturalisme moite est attachant grâce à sa sensualité et à sa palette colorée, qui fait barrage au misérabilisme redouté. Melaza est peut-être avant tout un film sur l’amour, l’amour qui se passe de mots et se montre dans les petites choses, qui les rend grandes - et la réalité cubaine plus supportable.