Cheveux rebelles

Affiche Cheveux rebelles
Réalisé par Mariana Rondón
Titre original Peolo Malo
Pays de production Venezuela/Allemagne/Argentine/Pérou
Année 2013
Durée
Genre Film social
Distributeur looknow
Acteurs Samantha Castillo, Samuel Zambrano, Beto Benites, Nelly Ramos, María Emilia Sulbarán
Age légal 12 ans
Age suggéré 14 ans
N° cinéfeuilles 699

Critique

Au Vénézuéla, comme ailleurs, les cheveux crépus et le teint brun sont des conséquences du métissage, donc un signe de pauvreté. Forcément, on préfère avoir la peau blanche et les cheveux lisses. Junior (Samuel Lange Zambrano) en est un exemple. Agé de 9 ans, il souffre de son apparence et rêve  de défriser ses cheveux. Or, cette obsession inquiète sa mère (Samantha Castillo) qui, par ailleurs a bien d’autres soucis. Elle élève seule ses deux garçons, dont un bébé, et ne retrouve pas le travail qu’elle a perdu.
«L’apparence physique joue un rôle capital dans notre société et chacun subit cette forte pression, note la réalisatrice. Les reines de beauté incarnent le rêve de toutes les petites filles. Les hommes se doivent d’être masculins, virils, ils incarnent le pouvoir.» C’est tout le problème de Junior qui se cherche dans un entourage féminin, la mère, la grand-mère, la voisine…
Le deuxième film de Marina Rondon (Cartes postales de Leningrad, 2007) mériterait une structure plus forte et davantage de densité. Cependant, il porte sans noyer son sujet de multiples regards sur la société qui compose la population vénézuélienne. Le soutien et la collaboration ne s’obtiennent pas sans argent. Le chômage, la violence, l’intolérance sont des facteurs de pression constants; y échapper suppose qu’on y consacre constamment son imagination.
Pendant que tout Caracas est plongée dans l’attente de la mort du président Ugo Chavez et que le petit peuple prie pour sa guérison, la caméra de Mariana Rondón montre des barres d’immeuble qui ferment totalement son objectif: façades lézardées, balcons où s’égrènent les existences les plus diverses et que Junior observe. Réalise-t-il qu’il a sous les yeux le spectacle de son avenir? Et encore! Vivre dans ces grands ensembles, c’est avoir un toit correct. A peine plus loin, les favelas s’accrochent aux falaises et dégringolent dès les premières pluies.
Alors, l’apparence comme exutoire de la pauvreté? Il y a de cela sans doute. La réalisatrice le laisse entendre sans porter de jugement, ni tomber dans la mièvrerie. Elle montre aussi qu’il faut être dur si l’on veut se protéger dans un tel milieu. Son film, tourné à partir du point de vue de Junior, montre avec délicatesse combien le petit garçon en est déjà conscient.

Geneviève Praplan

Appréciations

Nom Notes
Geneviève Praplan 12
Daniel Grivel 12
Antoine Rochat 13
Philippe Thonney 6