Bouge !

Bouge - comme Lôzane à l'époque (1980). Fred Hausammann, qui avait 12 ans lorsque la Dolce Vita a vu le jour et commencé à animer les nuits lausannoises, est licencié en sciences politiques; il a été journaliste reporter images, puis journaliste de presse écrite, aujourd'hui enseignant. Avec son documentaire, il retrace la saga d'un lieu de culture autogéré, rencontrant ceux qui en furent des acteurs ou des témoins importants: Stéphanie Aporhéloz, Tanguy Ausloos, Jean-Christophe Bourquin, Pierre-Jean Crittin, Eric Gasser, Roberté Ingrosso, Claude Joyet, Fernand Melgar (qui était actif au Cabaret Orwell), Anne-Catherine Ménétrey-Savary, Mix&Remix, Marc Ridet, Christian Wicky. Des figures mythiques dans les milieux libertaires amateurs de musiques émergentes.
Le mélange d'images d'archives et d'interviews d'«anciens combattants» douillettement installés dans des intérieurs cossus pour ne pas dire bourgeois (allons, concédons le côté bobo...) est assez piquant. Il est intéressant de voir «la belle paysanne qui a fait ses humanités» chère à Gilles évoluer vers une reine de la nuit attirant des dizaines de milliers de noctambules dans la vallée du Flon, autour du Romandie, avec les problèmes récurrents de sécurité qu'affronte avec fermeté un conseiller municipal socialiste...
Au bout du compte, il apparaît que les faits sont têtus et que, au-delà du rêve de l'autogestion, les chiffres imposent leur loi: il faut bien se faire à l'idée qu'une entreprise, si idéaliste soit-elle, doit finir par produire du profit.