Jordanie, 1967: un camp de réfugiés palestiniens au sortir de la Guerre des Six jours menée par Israël contre ses voisins arabes qui permit à l’Etat hébreu de s’étendre en annexant le plateau du Golan, la Cisjordanie et Jérusalem-Est. Parmi les réfugiés, Tarek (Mahmoud Asfa), 11 ans, et sa mère Ghaydaa (Ruba Blal). Le jeune garçon au regard intense qui lui mange le visage ne sait ni lire ni écrire mais calcule à la vitesse de l’éclair. Il rêve de retrouver son père dont il a été brutalement séparé pendant la guerre et de rentrer dans son village, juste en face du camp, là-bas, au-delà des collines. Il n’en peut plus de la surveillance inquiète de sa mère et du camp provisoire où certains réfugiés végètent depuis des années.
Déterminé à prendre sa vie en main comme un homme, sans se soucier de sa mère qu’il estime lâche, Tarek prend la fuite, se perd dans le désert, est secouru par de jeunes feddayin qui mènent la guérilla pour libérer la Palestine et l’emmènent dans leur camp d’entraînement caché dans les broussailles. Sa mère l’y retrouve et veut le ramener au camp, mais un bombardement sur ce dernier les obligent à rester avec les rebelles. Tarek n’a désormais plus qu’une idée: franchir la ligne de démarcation avec eux.
Née à Bethléem en 1975, exilée avec sa famille en Arabie Séoudite puis aux Etats-Unis, Annemarie Jacir parle avec pudeur dans son second longmétrage de la douleur de l’exil, de l’esprit de résistance et de l’espoir fou qui ne lâchent pas les exilés déracinés de force. Pour camper ses personnages, elle a préféré des acteurs nonprofessionnels qui apportent une touche de spontanéité au film. La mère de Tarek, elle, est une actrice professionnelle qui domine le film par son intensité silencieuse mais bouleversante. Dommage que le film, tourné dans de très beaux paysages naturels et bien documenté, manque un peu de nerf! Il a toutefois le mérite de rappeler une page de l’histoire et le combat de Yasser Arafat pour son pays, la Palestine.