Gloria

Gloria (Paulina Garcia) vit une période critique: approchant de la soixantaine, divorcée depuis une dizaine d'années - elle ne semble pas très au clair sur leur nombre exact, tout comme le spectateur peine à comprendre comment un affreux chat sans pelage réussit à squatter son appartement... -, elle s'étourdit de musique, chantant sur des tubes ringards, et passe ses nuits à boire, à fumer et à danser dans des boîtes de Santiago. Sa quête d'affection exerce plutôt un effet répulsif sur ses partenaires d'un soir et même sur ses enfants (son petit-fils pleure dès qu'elle le prend dans ses bras). Jusqu'au jour où Gloria rencontre Rodolfo (Sergio Hernandez), bientôt septuagénaire et divorcé depuis une année: une passion flamboyante s'allume mais fait long feu, l'homme restant englué dans ses relations familiales. La solitaire saura-t-elle rebondir?
Paulina Garcia a reçu l'Ours d'argent de la meilleure actrice de la Berlinale 2013; il est vrai qu'elle a su camper un personnage à la fois pathétique et opiniâtre qui garde l'espoir malgré les échecs et les humiliations. Sebastián Lelio a parfois la main un peu lourde en termes d'images symboliques: Gloria posant chez la coiffeuse en martyre auréolée par un sèche-cheveux annulaire, tirant des rafales de paint balls sur Rodolfo et sa maison, fascinée par une petite marionnette-squelette animée par un chanteur de rue. On sait le recul que peuvent inspirer des personnes assoiffées de reconnaissance et de tendresse: avouons nous avons eu cette réaction à l'encontre d'une femme vieillissante qui, dans une ambiance glaque, s'accroche à ce qu'elle croit être la vraie vie.