La bataille de Solférino

Affiche La bataille de Solférino
Réalisé par Justine Triet
Pays de production France
Année 2013
Durée
Genre Drame
Distributeur Zinéma/Shellac
Acteurs Vincent Macaigne, Laetitia Dosch, Arthur Harari, Virgil Vernier, Marc-Antoine Vaugeois
Age légal 16 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 687
Bande annonce (Allociné)

Critique


Retour au 6 mai 2012, dimanche de l’élection de François Hollande: le film est en prise directe avec les événements de ce jour-là et la plupart des scènes ont été tournées rue de Solférino (siège du parti socialiste français, faut-il le préciser...).

Une des qualités du film réside d’abord dans l’originalité de son scénario: Laetitia (Laetitia Dosch), divorcée avec deux enfants, journaliste TV, vit avec Virgil (Virgil Vernier), un ami qui travaille tout comme elle. Chargée de couvrir la journée des présidentielles, elle doit confier ses deux gamines à Marc (Marc-Antoine Vaugeois), un jeune baby-sitter vite submergé au moment où débarque Vincent (Vincent Macaigne), son ex-mari, sûr de son droit de visite auprès de ses deux filles. Discussions, disputes, les filles pleurent, tout s’embrouille, le ton monte vite et c’est parti pour la bagarre… Sur un autre front, la caméra de Justine Triet va accompagner Laetitia, rue de Solférino, où elle prend le pouls des manifestations, enregistrant les réactions des gens à l’annonce des résultats du vote.

Sur fond de cortèges et d’affrontements de militants, La Bataille de Solférino se présente avant tout comme un psychodrame familial. A noter que l’intrigue ne s’aventure pas sur le terrain de l’analyse sociale ou psychologique: on ne sait pas grand-chose des antécédents des personnages, pas davantage non plus sur leurs échecs sentimentaux ou professionnels. La réussite du film est à chercher ailleurs, dans une narration très subtile, un rythme soutenu, et surtout dans l’extrême fluidité de longs plans-séquences au cours desquels s’affrontent les protagonistes: les dialogues ont tous été écrits et répétés, mais au final le film donne une très nette impression d’improvisation. Le naturel du jeu des comédiens, la rapidité des échanges verbaux, la précision des gestes et des intonations sont à relever. Les personnages finissent aussi par composer un subtil tableau, image de leurs vies et révélateur de leurs sentiments.

Le film passe du rire aux larmes, de l’essentiel au dérisoire, de la légèreté à la pesanteur. Tous les protagonistes (les comédiens sont excellents) apparaissent souvent à demi paumés, violents, manquant de savoir-vivre, pitoyables par moments. Tout particulièrement Laetitia lorsqu’elle intervient publiquement à la télé et qu’elle doit faire bonne figure à mauvais jeu, en masquant un profond désarroi personnel. Femme apparemment libérée, elle paraît souvent dépassée par les événements de cette journée infernale.

La Bataille de Solférino parle du désordre intérieur et des difficultés existentielles de chacun, dans un enchaînement de scènes – la cinéaste recourt souvent à l’ellipse  – bien maîtrisé. «Chacun des personnages a une couleur qui lui est propre», dit-elle. A noter que dans cette approche il n’y a aucune fausse note, aucun dérapage verbal, aucun appel du pied complaisant en direction des spectateurs. Un premier long métrage intéressant, et une cinéaste à suivre.

Antoine Rochat

Appréciations

Nom Notes
Antoine Rochat 16
Daniel Grivel 11