Prix du Public au Festival de Locarno 2023, Gabrielle, deuxième film de la réalisatrice québécoise Louise Archambault, est une œuvre touchante qui nous interpelle sur le regard que nous posons sur celles et ceux qui ne sont pas tout à fait comme nous.
Gabrielle, jeune femme atteinte du syndrome de Williams, a une joie de vivre communicative et un don certain pour la musique. Elle fait partie du chœur du centre de loisirs qu’elle fréquente avec d’autres handicapés. C’est là qu’elle a rencontré Martin, son amoureux, tendre et prévenant. Mais en raison de leur différence, leur entourage ne leur permet pas de vivre cet amour charnellement comme ils le souhaitent. Au moment où la chorale se prépare pour accompagner Robert Charlebois sur scène dans un important festival de musique, Gabrielle fait tout pour prouver son autonomie, gagner son indépendance et avoir enfin un appartement bien à elle. Mais elle se heurte à sa sœur, aimante mais inquiète sur sa réelle aptitude à se gérer, et surtout à la mère de Martin qui voit d’un mauvais œil l’attachement de son fils pour Gabrielle et qui fait tout pour les séparer.
La réalisatrice a cherché avant tout la spontanéité des protagonistes, quitte à ce qu’elle ne puisse pas soigner tous ses cadrages. Elle s’attache à refléter avec respect et tendresse la grande humanité des visages de ses personnages, avec leurs talents, leurs émotions, leurs blessures. Quand les jeunes chantent, ils sont comme transfigurés et c’est bouleversant. Le chanteur Robert Charlebois a paraît-il été complètement soufflé par le film auquel il a participé en chantant avec les jeunes handicapés deux de ses tubes les plus célèbres, "Ordinaire" et "Lindberg". Lui aussi est touchant avec sa bouille chiffonnée par les années et sa gentillesse rayonnante. Un moment fort qui fait oublier les quelques longueurs du film.