Le temps de l'aventure

Dans un train, entre Calais et Paris, le regard d'Alix (Emmanuelle Devos), comédienne fauchée qui s'interroge sur son couple, croise celui d'un Anglais ténébreux (Gabriel Byrne). Est-ce le début d'une idylle qui pourrait changer la vie de l'actrice?
C'est dans la manière qu'a Jérôme Bonnell de saisir avec délicatesse les sentiments de personnages se trouvant à un carrefour de leur existence que ses films révèlent leur particularité. Sa première réalisation, J'attends quelqu'un (2007), témoignait déjà de cette même approche.
Le temps de l'aventure est un film intimiste qui se déroule sur une seule journée; il est autant l'histoire d'une rencontre improbable qu'un magnifique portrait de femme. Mais c'est aussi et avant tout de la fragilité des êtres, de leur désarroi, de leurs hésitations, qu'il traite. Ce ne sont pas tant les rebondissements de l'intrigue qui intéressent le réalisateur. Ce qui lui importe, ce sont les sensations contradictoires, honteuses, fugitives, engendrées par l'élan irrépressible qui projette l'un vers l'autre cette Française et cet Anglais. Entre tentations du romanesque et poignante retenue, ce film conserve jusqu'au bout une séduisante part de mystère. Ajoutons encore que, interprété par deux acteurs exceptionnels, ce temps de l'aventure est aussi ponctué de réjouissants intermèdes d'humour.