L'Orateur

Affiche L'Orateur
Réalisé par Tusi Tamasese
Titre original O Le Tulafale
Pays de production Samoa
Année 2012
Durée
Genre Drame
Distributeur trigonfilm
Acteurs Fa'afiaula Sanote, Tausili Pushparaj, Salamasina Mataia
Age légal 16 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 679

Critique

 

Premier film produit aux Samoa, premier long métrage de Tusi Tamasese, L'ORATEUR puise avec force dans la tradition locale le message d’une morale universelle. 

L’archipel des Samoa, Etat indépendant de Polynésie, compte environ 180'000 habitants et, désormais, un réalisateur reconnu sur le plan international. En 2011, la Biennale de Venise a décerné le prix du Jury au premier film de Tamasese; l’an dernier, il  était candidat au titre de meilleur film étranger pour la Nouvelle-Zélande. Le voici en Suisse, et c’est une belle surprise que de découvrir une œuvre venue de si loin et en même temps si proche par ce qu’elle apporte.

Vaaiga (Tausili Pushparaj) et Saili (Fa’afiaula Sanote) ont construit leur maison loin du village et mènent une vie tranquille dans la brousse; ils y vivent depuis dix-sept ans, l’âge de Litia (Salamasina Mataia) la fille de Vaaiga. Les deux sont des parias, elle bannie pour avoir été une mère célibataire et lui moqué pour son nanisme. Un jour, Poto (Ioata Tanielu), le frère de Vaaiga, vient la prier de revenir au village; il est malade et pense que la réconciliation de la famille le guérira. Mais sa sœur s’est construit une autre famille et Saili compte bien la défendre, lui qui doit déjà lutter contre les paysans qui plantent leurs ignames jusque devant les tombes de ses parents.

Le défi à relever, pour Tusi Tamasese, a été de partir d’une histoire samoane pour  construire son film et d’intéresser des populations étrangères avec ces rites et ces règles  mal connues. «J’ai voulu emmener le spectateur dans un monde empli de dialogues riches et spirituels, de personnages originaux et imprévisibles. Je voulais établir des espaces et voir l’amour exister dans ces espaces», explique le réalisateur qui a fait des études poussées, notamment en sciences sociales et en écriture de scénario.

De fait, le personnage central du film est Saili, le nain - acteur formidable bien que totalement amateur. Il est la métaphore de toutes les souffrances humaines qui provoquent le rejet. D’un côté, il est l’individu toléré qu’on est heureux de persécuter à chaque occasion. De l’autre, il représente la prise de conscience de ses défauts et la somme de courage à rassembler pour les surmonter.

L’autre personnage important est Samoa, le premier à s’affirmer dans le film lorsqu’il se met à pleuvoir. La pluie violente et la végétation dense enserrent les villages, comme les enserrent les rites traditionnels, exposés, rappelés avec douceur par les villageois, mais avec une exigence imperturbable. C’est avec cela qu’il faut vivre et pas tant avec la beauté des paysages qui, elle, est surtout l’apanage des touristes.

Et c’est cela que le réalisateur met en scène avec une grande compréhension des uns et des autres, des individus et de leur culture, du pays et de ses caractéristiques. Tamasese possède une rare intelligence du silence. L’amour qui unit Saili et Vaaiga n’est pas explicité autrement que par la présence côte à côte des deux protagonistes, les conseils qu’ils se donnent en quelques mots. Même la violence qui sous-tend le film est muette. Quant à la bande-son, c’est de la poésie pure déclamée à travers le chant des oiseaux, les bruits de la brousse, le grondement de l’orage et l’épaisseur des feuilles sous la pluie.

Un cadre pittoresque, un climat exotique, une réalité indigène, et pourtant une vérité commune à la planète entière: le pardon, l’acceptation, l’amour... Quelle belle réussite pour un premier film!

 

 

Daniel Grivel

Appréciations

Nom Notes
Daniel Grivel 16
Geneviève Praplan 18
Antoine Rochat 12