Le coeur a ses raisons

Affiche Le coeur a ses raisons
Réalisé par Rama Burshtein
Titre original Fill the Void
Pays de production Israël
Année 2012
Durée
Musique Yitzhak Azulay
Genre Drame
Distributeur filmcoopi
Acteurs Yiftach Klein, Hadas Yaron, Irit Sheleg, Razia Israeli, Hila Feldman
Age légal 14 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 680
Bande annonce (Allociné)

Critique

Drame en huis clos à tous points de vue: séquence de début et quelques brefs épisodes en plein air mis à part, tout se déroule à l'intérieur d'une maison, et au sein d'une famille israélite haredi, c'est-à-dire ultra-orthodoxe (encore plus que les hassidim!) à Tel Aviv. Contraste entre un extrême conservatisme religieux et la «Babylone» d'Israël (antithèse de la ville sainte de Jérusalem)...

Chez les haredim, le célibat est considéré comme une malédiction pour une femme - deux protagonistes du film, et pas des moindres, sont de vieilles filles -, et cela explique la pression exercée sur Shira (Hadas Yaron, qui a amplement mérité son prix de la meilleure actrice principale à la Mostra de Venise), dix-huit ans: lors de la joyeuse fête de Pourim, qui commémore la délivrance du peuple hébreu d'un grand massacre, sa soeur Esther (Renana Raz) meurt en couches, laissant son mari Yochay (Yiftach Klein) totalement désemparé avec le nouveau-né. Paniquée à l'idée que le jeune veuf envisage de se remarier en Belgique et qu'ainsi elle perde son petit-fils, Rivka (Irit Sheleg), la mère des deux soeurs, imagine d'apparier Yochay et Shira...

La jeune réalisatrice israélienne Rama Burshtein fait partie de la communauté haredi. Formée au cinéma dans son pays, elle a réalisé des films ciblant ses sœurs en la foi. LE COEUR A SES RAISONS (pourquoi avoir choisi ce titre évoquant une populaire série télévisée québécoise, alors que FILL THE VOID - «Comblez le vide» - était plus adéquat?) est son premier film de fiction. Avec délicatesse, elle introduit le spectateur dans un monde souvent victime de jugements voire de préjugés et le confronte aux débats cruciaux entre la raison et l'émotion. «Raison et sentiments»: on est en effet dans un monde à la Jane Austen, avec une part prépondérante laissée au non-dit, à la pression sociale, aux codes corsetant la vie.

Certes, les acteurs sont excellents, les images magnifiques - mais on peine à s'identifier à des personnages exotiques (aux yeux de notre culture), dont on se demande d'où ils tirent les moyens de mener un train plus que confortable (les vêtements des dames sont dignes d'un défilé de mode, et l'habillement rituel des hommes - caftans, châles, chemises à franges, somptueuses toques en fourrure - n'a rien de miteux...

Un peu comme dans VIRGIN TALES, la réalisatrice ne prend pas de recul, ce qui fait que sa fiction vire au documentaire. Tout au plus le plan final est-il sinon suggestif du moins allusif: après la cérémonie de mariage, lorsque Yochy et Shira se trouvent dans la chambre nuptiale, la jeune épousée, à l'air apeuré, est littéralement au pied du mur, acculée dans une encoignure de la pièce.

Daniel Grivel

 


Dans une communauté hébraïque, Shira (Haldas Yaron) se réjouit de bientôt se marier. Mais tous ses rêves s’envolent lorsque sa sœur aînée meurt en couches. Veuf et petit-fils nouveau-né partiront-ils pour la Belgique au grand désespoir de la belle famille ou Shira acceptera(i)-t-elle  d’épouser son beau-frère ?

 

Pour son premier film,  Rama Bursthein permet de pénétrer dans un monde habituellement fermé, celui d’une communauté hassidique fidèle dans laquelle les traditions et les rites dictent les comportements et les choix de vie. Mais plutôt que de dénoncer en forçant le trait et d’user de stéréotypes, on perçoit à travers le regard de Shira comment la religion juive de stricte observance interroge la vie et vice-versa.

Ainsi, est-ce non seulement la jeune fille, mais également son père, sa mère, sa tante, sa sœur, sans oublier son beau-frère, qui tentent de trouver la solution permettant de concilier fidélité religieuse et bonheur. Et là une interrogation rabbinique, toute empreinte de sagesse  hassidique, écarte définitivement les clichés.  Où se déroule ce fait divers religieux et quels liens entretient cette communauté avec la société laïque environnante sont là des questions que n’aborde pas cette réalisation très soignée.

Serge Molla

Coupe Volpi de la meilleure interprétation féminine à Haldas Yaron

 

Serge Molla

Appréciations

Nom Notes
Daniel Grivel 13
Serge Molla 16