Les enfants de la montagne

Le Napf, kèsaco?... Un sommet de quelque 1'400 mètres, au coeur de la Suisse, entre les cantons de Berne et de Lucerne, plus précisément entre l'Emmental et l'Entlebuch. On n'y accède qu'à pied ou à VTT, et ses ruisseaux attirent les orpailleurs. Le long métrage de la Lucernoise Alice Schmid est une véritable pépite.
La réalisatrice née en 1951 s'intéresse particulièrement aux enfants et a moissonné moult prix pour ses documentaires. Ici, elle a suivi pendant une année la vie quotidienne d'une cinquantaine d'enfants de paysans de montagne vivant à une dizaine de kilomètres de l'école, sise plus bas à Romoos, commune surnommée «les Centovalli» lucernois. On commence par en voir brasser un chemin enneigé par un petit matin d'hiver, l'obscurité percée par leurs lampes frontales, pour aller prendre place dans un petit téléphérique privé. Pas de blabla: les images - superbes - parlent, et les quelques témoignages des enfants en disent plus long qu'un commentaire sentencieux...
Dans cette région sacrée réserve de biosphère par l'UNESCO, la vie est rude mais de qualité. Si Romoos tend à se dépeupler, le village a encore son école, avec des enseignants attentionnés. Les gosses observés avec tendresse par la réalisatrice ne sont peut-être pas tous des premiers de classe, mais tous prennent part, dans la mesure de leurs forces, aux travaux de la ferme familiale, qui sont parfois pénibles, comme faire les foins sur des pentes abruptes. Vifs, débrouillards, ils vivent en harmonie avec leur environnement animal et avec la nature.
L'approche d'Alice Schmid peut sembler pointilliste, mais on ne s'ennuie pas une seconde, se laissant surprendre par des situations et des images inattendues. Au fil des saisons, le spectateur s'attache à ces gamins liés (au meilleur sens du terme) à leur terroir, qui pour la plupart veulent marcher sur les traces de leurs parents. Et puis, comme dans ÊTRE ET AVOIR, il y a un petit être craquant: cette fois, c'est une blondinette potelée, Laura, rayon de soleil du film...