Comme des lions de pierre à l'entrée de la nuit

Affiche Comme des lions de pierre à l'entrée de la nuit
Réalisé par Olivier Zuchuat
Pays de production
Année 2012
Durée
Genre
Distributeur trigonfilm
Acteurs Jennifer Peedom
Age légal 12 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 675

Critique

Une île grecque sertie dans la mer Egée. Ça pourrait être un paradis, ce fut l’enfer pour les soldats et les civils qui y furent déportés et torturés. Entre 1947 et 1951, le gouvernement grec a interné sur l’île déserte de Makronissos près de 80’000 soldats et civils, hommes et femmes suspectés d’appartenir au Parti communiste grec. Dans ces camps balayés par les vents et écrasés par un soleil de plomb, les déportés subissaient des lavages de cerveau jusqu’à ce qu’ils signent des «repentances idéologiques» et réintègrent «le droit chemin» tracé par les idéologues de l’extrême droite nationaliste du roi Paul.

Beaucoup s’y refusèrent, subirent des tortures qui leur furent souvent fatales, mais ne renièrent jamais leurs convictions. On les appelait les «irréductibles». Parmi eux, des artistes et des intellectuels. Une activité poétique intense se développa dans le camp, encouragée par l’un des plus célèbres «irréductibles», le poète Yannis Ritsos, qui s’était astreint à écrire chaque jour sur des paquets de cigarettes ou des morceaux de carton des poèmes qu’il enfilait dans des bouteilles et qui ont pu être retrouvés.

Le réalisateur genevois Olivier Zuchuat a choisi d’évoquer cette page sombre de l’histoire grecque en s’appuyant sur les textes poétiques de Yannis Ritsos, Meelas Loudemis et Tassos Livaditis, qui alternent avec la propagande militaire hurlée en permanence dans les haut-parleurs des camps. A l’aide de longs plans fixes et de travellings remarquables, il arpente inlassablement les ruines des camps de rééducation de l’île, les confrontant à des photos d’archives en noir et blanc montrant les visages de ceux qui y ont été déportés. Images qui finissent par devenir oppressantes au point que je me suis surprise à un moment donné à chercher comment on pouvait s’échapper de cette île maudite. En se jetant à la mer? Des prisonniers l’ont fait, mais l’ont souvent payé de leur vie.

Le film d’Olivier Zuchuat est à la fois un documentaire précieux sur un épisode sombre de l’histoire des hommes, un essai poétique original et une dénonciation silencieuse de la pensée totalitaire.

Prix du Jury œcuménique au 55e Festival international du film documentaire et animé de Leipzig (29 octobre-4 novembre 2012). «Le film est une preuve frappante du courage et de la force mentale requis pour résister à la dictature d’une pensée en uniforme, un document de douce poésie contre des slogans hurlés.

Appréciations

Nom Notes
14
Daniel Grivel 14
Nadia Roch 15
Antoine Rochat 14
Anne-Béatrice Schwab 14